A la vue du signe...

17ème dimanche du temps ordinaire

2ème livre des Rois, 4, 42-44 ; Ephésiens 4, 1-6 ; Jean 6,1-15


Le choix des textes des évangiles abandonne le parcours de Marc au moment où il aborde les deux multiplications des pains, l’un des récits à destinations des chrétiens d’origine juive, l’autre, à destination des chrétiens d’origine païenne. Entre les deux, on aurait trouvé l’accueil de la syrophénicienne et des miettes de pains qu’elle présente au refus de Jésus. Nous sommes renvoyés vers l’Evangile de Jean, la partie qui correspond au texte de Marc, Luc et Matthieu. Jean prolonge son récit par le long discours sur le pain de vie à la synagogue, suite à quoi beaucoup le quitteront.


Retenons du texte de ce dimanche qu’une grande foule suit Jésus, ensuite le dialogue entre Jésus et les disciples manifeste que ce récit est à entendre à deux niveaux, l’un, celui des disciples, au niveau matériel, l’autre viendra dans le développement de Jésus à la suite du récit sur le pain partagé. En précisant “c’était peu avant la Pâques”, Jean invite à comprendre l’orientation de son récit. Ce dont il est question, c’est de s’asseoir à la table du Seigneur.

 

La première lecture nous rappelle un épisode d l’histoire du prophète Elisée. L’Evangile semble en être un décalque, mais il apporte bien plus. De nombreux éléments peuvent nourrir notre méditation. Outre la proximité de la Pâques, la “description” : Jésus prit les pains, après avoir rendu grâce il les leur distribua… allusion évidente au repas du Jeudi Saint. Le chiffre de 5.000 est énorme, en même temps il laisse penser à l’universalité du repas partagé. Les douze paniers, là encore invite à méditer sur l’histoire du peuple de Dieu, celui d’hier, celui d’aujourd’hui avec les disciples, et nous à leur suite. A la fin on ne parle plus des poissons, mais du signe accompli qui entraine l’affirmation “C’est lui le grand prophète”.

 

Mais la foi ne peut pas se fonder sur des miracles, d’où la fuite de Jésus, avant qu’il ne s’en explique. C’est là qu’il y aura déception d’abord, rejet ensuite. Pourquoi nous-mêmes donnons-nous notre foi en Jésus : pour les miracles accomplis, pour les paroles prononcées, pour sa présence au milieu de nous comme témoin de l’amour de Dieu ? Il nous faut méditer sur l’affirmation : Jésus roi messie, c’est-à-dire envoyé de Dieu serviteur. Les quatre évangélistes insistent sur cette compréhension de Jésus : il s’est fait serviteur jusqu’à donner sa vie pour nous faire connaître Dieu et nous entraîner vers lui, non pour répondre à tous nos désirs, à toutes nos attentes
Emile Hennart.