Jésus, le serviteur

24ème dimanche ordinaire

 Isaïe 50, 5-9 ; Jacques 2, 14-18 ; Marc 8, 27-35

 

L’apôtre Pierre reconnaît en Jésus le Messie, l’envoyé de Dieu. Jésus précise alors en quoi consistera la vie de cet envoyé : il souffrira beaucoup, sera rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes… Pierre ne peut accepter que celui qu’il vient de reconnaitre comme messie puisse être rejeté et humilié par les autorités de son peuple. D’où la réplique de Jésus à Pierre : passe derrière moi, Satan… tes pensées ne sont pas celles de Dieu.

 

Or les paroles de Jésus ressemblent à la présentation du serviteur que l’on trouve chez Isaïe entre les ch. 40 à 52. Isaïe n’écrivait pas en pensant directement à Jésus, mais il reprenait l’expérience des serviteurs de Dieu qui avaient été humiliés pour leur service. Telle est la première lecture de ce jour que les chrétiens se sont appropriés pour présenter Jésus crucifié. Pierre n’a pas vu ce rapprochement et il n’accepte pas que Jésus puisse être ainsi humilié. L’évangéliste Marc écrira un peu plus loin : “Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir” (Marc 10, 45).

 

Dans la seconde lecture, le service du frère est aussi rappelé de manière très crue dans la lettre de Jacques. Il semble que saint Jacques s’oppose à des chrétiens qui s’affirment être fort croyants mais qui ne manifestent aucun empressement à s’occuper d’un proche marqué par la misère. C’est un débat de ce genre que l’on peut entendre en ce mois de septembre entre les tenants de l’amour de l’argent et les tenants de l’amour du prochain.

 

Il a fallu beaucoup de courage à Jean-Paul II (Reste avec nous, Seigneur) pour associer la célébration de l’eucharistie à la nécessaire solidarité sociale. De même il en faut beaucoup à ceux qui ont lancé le projet Diaconia 2013, laissant entendre que là aussi on ne peut dire j’aime Dieu sans dans le même temps aimer son prochain. Dans quelques semaines se réuniront nombre de croyants et quelques autres pour les Semaines sociales. L’histoire de ces colloques témoignent de l’intérêt porté ce que la société se transforme et que chacun agisse pour une meilleure justice et égalité sociale…
 

 

Sur la contestation de Jésus par les autorités, il devient évident qu’elles n’ont pas accepté son discours qui interroge les pratiques cultuelles et rituelles où il n’y a guère d’attention au prochain mais seulement exécution de la Loi cultuelle oubliant que l’amour du prochain est premier avec l’amour de Dieu l’un et l’autre ensemble.

 

Dans la société actuelle, l’Eglise invite, souvent de manière individuelle à porter assistance au pauvre. Des évêques expriment leur compassion pour celles et ceux que les “lois économiques” laissent sur le carreau. Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que tout cela n’est pas seulement fruit du hasard. L’appât du gain amène à prendre des décisions dont les conséquences sont désastreuses pour ceux qu’on liquide. Des statistiques de rentrée sociale et politique affirment que les pauvres s’appauvrissent pendant que les riches s’enrichissent. Cette vérité ne date pas d’aujourd’hui Les règles économiques sont ainsi faites que cela continuera tant qu’il ne sera pas décidé de revoir les fonctionnements de la société.

Que vient donc faire l’Evangile de ce jour ? Comment éclaire-t-il nos habitudes actuelles ? N’est-il pas invitation à mettre nos pensées à l’unisson des pensées de Dieu. Ces pensées invitent à développer les relations de service plutôt que les relations d’argent. Cela oblige à vérifier si nos intérêts vont dans le sens de Dieu et du prochain ou si nous nous laissons guider par notre propre intérêt. EH