L’Esprit souffle où il veut

26ème dimanche ordinaire

Nombres 11, 25-29 ; Jacques 5, 1-6 ; Marc 9, 43-48


La courte histoire rapportée dans le livre des Nombres vaut son pesant d’or… et d’humoour. Avant de prendre au sérieux les définitions officielles des théologiens dogmaticiens pour préciser par quels chemins passerait l’Esprit-Saint pour pénétrer les fidèles, mieux vaut se représenter la scène dans toute sa matérialité : les Hébreux, en plain désert, s’organisent… et Moïse essaie de gérer un peuple qui aurait, dit-on, la nuque raide. A force de bassiner les paroisses sur les chemins obligatoires pour recevoir les dons de l’Esprit saint, n’aurions-nous pas à relise d’abord les Ecritures.

 

Qui possède l’Esprit-saint ? Moïse, dans l’espace de la tente de l’alliance, impose les mains sur les 70 et ils sont confirmés. Deux autres ne sont pas présents, et pourtant ils prophétisent Eldad et Médad! Pour les 70… cela ne dura pas précise le texte (cela nous rassurera peut-être devant nos nombreuses désillusions). Mais pour les deux autres ? Il semble que l’efficacité du don de l’Esprit ait duré un certain temps ? Au point même qu’un jeune homme, aille les dénoncer auprès des autorités (Rem : il y a toujours des braves pour dénoncer les gens du peuple qui font le bien !).

 

Ce récit devrait nous remettre en mémoire le ch. 2 de Lumen Gentium qui affirme que tout baptisé, du fait même de son baptême, reçoit les grâces nécessaires pour témoigner, prier et servir les frères. Cela dérange tellement les puristes que, régulièrement, paraissent des écrits qui affirment la supériorité de quelques-uns par rapport à la masse des autres qui, eux, n’ont pas reçu l’ordination ad hoc. D’où la prière qui conclut le récit sur Moïse : Ah, si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux tous, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes !

 

Ce besoin de mettre des différences, des classements par catégorie où certains auraient des droits sur l’annonce et Dieu et pas d’autres se retrouve dans le récit d’évangile de Marc, où les disciples se plaignent que des non-confirmés pour la mission osent tenir tête aux esprits mauvais… et réussissent ! Seriez-vous jaloux aurait répondu Moïse ! Jésus, lui, se contente de faire remarquer qu’on ne peut pas guérir en son nom et dans le même temps mal parler de son nom.

 

Ce désir de parler du Seigneur Jésus, je l’ai perçu cette semaine dans les témoignages d chrétiens en maison d’Evangile. Ils s’attachent à lire à plusieurs, en continu, un évangile (Matthieu cette année). Tous n’ont pas les diplômes ad hoc pour enseigner… mais tous son habités Par l’Esprit de Jésus pour lui parler, pour parler de lui et pour voir comment mettre en œuvre sa manière d’exister auprès des gens de son temps. Non, ils ne peuvent pas mal parler de Jésus et de son Père ceux qui s’attachent à lire en fidélité l’ensemble du témoignage d’un apôtre afin de mieux vivre de Jésus et de son Esprit.

 

Il se trouve que, sur ce chemin voulu par notre évêque en diocèse, plus d’un qui ont reçu les ordres, ou des responsabilités dans la paroisse, et qui pourtant refusent de signaler cette démarche, refuse de proposer l’évangile autour d’eux… Ne ressemblent-ils pas ces apôtres, officiellement institués dans leur fonctions et qui refusent que d’autres partagent leurs prérogatives ? “L’Esprit souffle où il veut… et toi…” Abbé Emile Hennart

 

 

 

Jésus met les croyants en garde : c'est à l'intérieur même du groupe chrétien que l'Esprit est parfois bafoué."
 
 
Ah! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de pphètes! Le vœu de Moïse trouvé un écho chez les derniers prophètes, qui annoncent que Dieu pardonnera à son peuple et répandra son esprit: «Je répandrai mon esprit sur toute créature, vos fils et vos filles deviendront prophètes » (JI 3, 1).
 
Lors de la Pentecôte, Pierre déclare que ce don de l'Esprit est désormais réalisé : les croyants qui se font baptiser reçoivent l'Esprit Saint, l'esprit même de Jésus qui les tourne vers le Père. Mais, nous le savons, l’Esprit souffle où il veut, et bien des hommes de bonne volonté, qui ne connaissent pas le nom de Jésus Christ, sont animés du même esprit d'amour et de bonté. A quoi les reconnaît-on? A leur façon d'agir conforme à la justice, à leur humilité et à leur douceur, à l'accueil qu'ils font à l'étranger, à l'attention qu'ils portent aux affamés.
 
Jésus met alors les croyants en garde: c'est à l'intérieur même du groupe chrétien que l'Esprit est parfois bafoué. La richesse, le pouvoir, le savoir arrogant, l'injustice envers les subordonnés, l'indifférence aux malheureux portent un contre-témoignage. Le risque le plus grand est de scandaliser, c'est-à-dire de troubler la foi d'autres moins sûrs d'eux-mêmes et moins assurés socialement ou religieusement. Il nous faut entendre à nouveau le vœu de Moïse: si le Seigneur pouvait mettre sur nous son esprit ! Demandons au Seigneur de ranimer en nous l'Esprit, de nous donner l’humilité du prophète Moïse, «l'homme le plus humble de la terre, et de Jésus, le Fils « doux et humble de cœur ».