Fête de l’Epiphanie
Où est le roi des Juifs?
Isaïe 60, 1-6 ; Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12.
Au moment d’entendre le récit de la visite des mages païens venus de loin adorer le petit enfant Jésus, il n’est pas inutile de relire les paroles de l’apôtre Paul : “le mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile”. Où sont les païens, où sont les autres ? Cette parole de Paul n’est pas simplement pour hier, elle est aussi pour aujourd’hui alors que se rallume la guerre comme au temps de Dreyfus et du petit père Combe. Il semble qu’à nouveau nombre de chrétiens se rallient à la droite et à l’ultra droite pour (se) manifester contre la République.
La complexité concernant les choses de la foi, lorsqu’elles sont associées à l’Evangile et au monde, est telle qu’il y faut du discernement. Cela se manifeste lorsque le pape Benoit XVI, à l’occasion du nouvel an appelle les baptisés à s’engager en divers domaines pour faire progresser la paix, la justice et le dialogue : en effet qui ne serait étonné de le voir condamner le « capitalisme financier non réglementé ».
Le pape s’interroge en effet sur les foyers de tension et de confrontation dans le monde provoqués par l’inégalité croissante entre riches et pauvres. Les œuvres matérielles et spirituelles de miséricorde suffiront-elles pour créer une humanité nouvelle ? Pour reprendre des discours plus anciens, nous devons rappeler l’exhortation de Benoit XVI, quand il associe de manière inséparable eucharistie et engagement social. « La “mystique” du Sacrement a un caractère social » affirmait-il. Sa pensée orientait alors à relire la doctrine sociale de l’Eglise et à la mettre en œuvre. Là où des homes et des femmes travaillent pour plus de justice sociale, là grandit la paix.
Notre monde en a bien besoin. Quand Matthieu rédige son Evangile, il ne se contente pas de quelques scénettes pour soutenir l’imagination des peintres de la Renaissance en mal d’ésotérisme et de maniérisme. Il sait que l’annonce de l’Evangile au-delà des frontières du Judaïsme est chose difficile ; il sait aussi la tentation de dire et d’oublier de faire… “Inviter à faire” sera une des insistances que l’on retrouvera dans les dernières paraboles : le serviteur actif, des talents reçus et valorisés ou encore la scène du Jugement dernier….
Il ne suffit pas dire, de souhaiter, encore faut-il mettre en œuvre ce que nous souhaitons. L’annonce de l’Evangile telle qu’elle nous est demandée ne commence pas par la condamnation, mais par le regard sur la Lumière qui vient, même si des ténèbres recouvrent la terre. Puisions-nous avoir à cœur de dialoguer avec tous ceux qui œuvrent sur la terre pour une plus grande justice sociale. N’est-ce pas ainsi que grandira la paix.
Meilleurs vœux à tous. E.H.