Comme un berger il prend soin des brebis

Baptême du Seigneur. Christ hier, Christ aujourd'hui...

 Isaïe 40, 1-11; lettre à Tite 2, 11-14 et 3, 4-7 ;Luc 3, 15-22

 

A l'entrée du lac de Capharnaüm Le Jourdain  
A l'entrée du lac de Capharnaüm
A l'entrée du lac de Capharnaüm
Pour comprendre les doutes qu'exprimera  Jean-Baptiste à propos de Jésus, au cours de l’Evangile (Luc 7, 18-35), il faut avoir à l’esprit les enseignements de Jean-Baptiste sur celui qui doit venir. Dans l'évangile de ce dimanche, quelques lignes ont été omises par le texte liturgique : dommage ! C’est en cet endroit, v. 17-20,  que Jean annonce un Messie qui viendra remettre de l’ordre dans les pratiques habituelles des hommes. Celui qui vient aura à la main la pelle à vanner. Ce qui ne fait pas le poids sera ôté du tas de blé et jeté au feu. Parmi les autres annonces de Jean, il y a la cognée à la racine de l’arbre, qui abattra tout arbre qui ne porte pas de bon fruit.

 

Jean-baptiste Jean-baptiste   Si telle est la perspective annoncée par le Baptiste, on ne sera pas étonné que Jean le baptiste doute que Jésus soit l’envoyé annoncé. En effet dès ses premières manifestations, Jésus ne resemble pas au modèle annoncé; il ne reproche pas aux disciples d’épier le blé ; il guérit le jour du sabbat, il se laisse toucher par des lépreux ; il invite un publicain à devenir disciple ; il mange avec des pécheurs en leur annonçant la venue proche du Royaume de Dieu… Pour Jean-Baptiste, cette attitude est incom-préhensible. Benoit XVI rappelait récemment l’attitude de Jésus qui s’assoit au puits de Jacob et se laisse approcher par la samaritaine. Même les disciples de Jésus s’en étonnent !

  

Jésus, quoique baptisé par Jean ne fait donc pas acte d’obédience à Jean-Baptiste. Lui, Jésus le Fils consacré par l’Esprit-saint, il aura une attitude toute différente de Jean à l’égard des pécheurs, des exclus, des mal en point de la société. Même la femme adultère, il la laissera partir ! Il nous faut donc à la fois apprécier la proximité de Jésus avec Jean-Baptiste tout en reconnaissant une grande différence de théologie dans l’accueil fait au tout-venant… “il n’éteint pas la mèche qui fume encore. Le roseau froissé, il ne le brisera pas”. (Isaïe).

 

La baptême de Jésus, c’est l’occasion de se rappeler ce que fut la vie du Fils sur lequel est descendue la colombe de l’Esprit. Cette vie de Jésus, ses rencontres, ses pardons, il nous faut les lire et relire dans les Evangiles, nous en imprégner, pour qu’à notre tour, comme le rappelait le message de clôture du synode (§4-5), nous trouvions de nouveaux espaces de rencontre avec lui. Nous devons convertir nos manières de vivre à la manière dont le Christ lui-même vivait la rencontre de l’autre. Les chemins d’évangélisation passent par cette nouvelle attitude. “Alors l’Esprit nous enseignera ce que nous devons dire et ce que nous devons faire, même dans les circonstances les plus difficiles”.

 

Evitons aux chrétiens que nous sommes de nous transformer en justiciers et en pourfendeurs de l’autre différent. Si Jésus-Christ revenait aujourd’hui n’aurait-il pas à nouveau cet accueil bienveillant envers les brebis qui ne sont pas dans la bergerie ? S’il revenait aujourd’hui n’irait-il pas s’asseoir à la même table que ces hommes et femmes qui ont fait d’autres choix de vie que le nôtre?

 

Marbre exposé à Césarée Le bon pasteur  
Marbre exposé à Césarée
Marbre exposé à Césarée
Ne soyons pas plus royalistes que le Roi ! S’il s’est fait serviteur, Lui notre Roi et notre maître, ne devons pas, nous aussi, nous faire serviteur dans une humanité en perte de repères. A moins que nous ne préférions être Jean-Baptiste l’accusateur, plutôt que Jésus le bon pasteur, Jésus, celui qui ne condamne pas la brebis égarée. Même l’Ancien Testament, en certaines occasions comme Isaïe ch. 40, sait présenter un Dieu de compassion et non de condamnation.
Emile Hennart