Noces à Cana

2ème dimanche ordinaire.

Isaïe 62, 1-5 ; 1 Corinthiens, 12, 4-11 ; Jean 2, 1-11

La première lecture de ce dimanche est un des nombreux textes qui parlent du pardon que Dieu accorde à son peuple. Comme si Dieu s’était réconcilié une nouvelle fois avec Jérusalem. Bien longtemps avant Isaïe, le prophète Osée avait utilisé de la parabole du fiancé et de sa fiancée infidèle… finalement il l’avait conduite au désert et lui avait parlé au cœur. Ainsi Isaïe reprend l’image d’un ancien prophète pour l’attribuer aux nouvelles relations entre Dieu et son peuple, après l’exil.


En lisant de suite l’évangile, on sera peut-être étonné de ne point y voir l’épouse. De fait, le texte n’en parle pas… Plus tard le Christ parlera de lui-même comme de l’époux… A Cana, il devient évident que Jean l’évangéliste désire faire penser à l’alliance nouvelle établie par Jésus, l’époux avec Israël l’épouse.
 

Mais au fil de l’Evangile on se rendra compte que l’époux Jésus est rejeté par le peuple d’Israël. On relira, pour la nième fois, la parabole des vignerons qui veulent occire leur propriétaire et maître. L’évangéliste Jean nous avait prévenus dès le début : il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu…

 

Comme par hasard, ces noces, c’est le huitième jour depuis la première prise de parole de Jean-Baptiste… 8ème jour, comme début d’une nouvelle semaine créatrice… ou création du peuple nouveau. Plus tard Jean-Chrysostome associera le jour de la résurrection (huitième jour) avec le baptême de ses catéchumènes, et les édifices-baptistères auront la forme octogonale (huit côtés ), pour respecter la symbolique des chiffres : vie nouvelle, monde nouveau et recréé. La symbolique ne dit pas tout de l’expérience croyante issue de la rencontre de Jésus, mais la symbolique est un des moyens utilisés par les écrivains sacrés pour nous aider dans la marche vers le Christ.


Ainsi les six jarres d’eau vides représenteraient la dimension inutile de la religion juive, tout comme le figuier est stérile, ces jarres sont vides…


La noce à Cana est le premier des signes que fit Jésus. Heureux ceux qui ont cru et reçu ce signe comme invitation à aller plus loin. Ces disciples ont suivi, jusqu’à Jérusalem, quelques jours plus tard, lorsque Jésus accuse les responsables du sacré à Jérusalem d’avoir transformé le Temple en maison de trafic, et que, désormais, c’est le corps du Christ qui deviendra nourriture pour tous les hommes qui croiront en lui. En rester à l’image du vin qui coule à flot pour une fête de mariage est trop faible. Avec Jésus c’est désormais la Vie qui coule à flots pour ceux qui acceptent de le suivre. L’époux annoncé dans cet évangile, c’est Dieu lui-même qui se donne pour que son peuple ait la vie. Les disciples attendaient la libération d’Israël. Voici ton époux qui vient affirmait déjà Isaïe ch. 54, 62.
Au moment de quitter cette scène, il serait bon de repenser à Isaïe quand il annonce, de la part de Dieu, un festin pour toutes les nations, sur la montagne. Se savoir invité par Dieu lui-même n’est-elle pas la plus heureuse des Bonnes Nouvelles pour tous les hommes. Il serait regrettable que les chrétiens de vieille souche ressemblent aux Juifs que Jésus a rencontrés. Ils étaient trop sûrs de leurs certitudes pour pouvoir accueillir le vin nouveau de Jésus : ils étaient comme de vieilles outres, et ne pouvaient pas recevoir le vin nouveau.

 

Les vieilles structures qui nous ont portés hier, doivent aujourd’hui éclater pour que le nouveau puisse s’élever. Heureux les chrétiens du XXIème siècle qui accueillent l’héritage du Concile comme Bonne nouvelle à porter autour d’eux et non comme vieil habit étriqué ou un carcan qui empêcherait de s’épanouir au soleil de Dieu et du christ ressuscité. Abbé Emile Hennart

 

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