4ème dimanche ordinaire
Qui sera mon messager ?
Isaïe 6, 1-8 ; 1 Corinthiens, 15, 1-11 ; Luc 5, 1-11
En lisant la première lecture de ce dimanche, je suis resté avec un point d’interrogation. On imagine bien la scène concernant Isaïe, la mise en scène pour exprimer qu’un jour Isaïe a été appelé… mais pour faire quoi ?
Appelé… pour faire quoi ? La réponse ne se trouve pas dans la suite du récit d’appel, mais on trouve dès les premières lignes du livre d’Isaïe des éléments de réponse. En effet, le livre commence par une mise en garde, plus encore, par un acte d’accusation : “Un bœuf connait son maitre et un âne sa mangeoire, mais mon peuple ne comprend pas !
Le texte continue par un appel : "Ecoutez-moi°! La multitude de vos sacrifices, je n’en veux plus ; .vos fêtes et solennités, je suis las de les supporter, dit le Seigneur°! Purifiez-vous, cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ; recherchez la Justice, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve." Il semble donc que, avant même d’être appelé par le Seigneur le discours du prophète était provocateur. Il a été appelé parce que déjà, il provoquait le peuple d’Israël à porter attention au pauvre, à apporter pour eux la justice.
Et c’est dans ce but qu’il a été appelé.
Et nous, pour quoi sommes-nous appelés? Nul doute que ce soit dans le même but. On ne peut pas lire ce récit de vocation d’Isaïe sans se sentir concerné ni transformé dans notre cœur et notre agir. Benoit XVI insistait, au début du troisième tome de "Jésus" sur la nécessité, pour lire l’Ecriture, de resituer le texte en son temps°: que dit le rédacteur de ce livre à destination des gens de son temps°? Ensuite : en quoi suis-je concerné par ce texte? Si le premier chapitre d’Isaïe demande de savoir faire justice au pauvre, Benoit XVI en fait autant dans son message de carême. Invitant à ne pas dissocier foi et charité, il fait référence à l’encyclique de Paul VI : Populorum Progressio”. Il justifie la création de Justice et paix comme organisme au service du progrés des peuples : "Nous n'acceptons pas de séparer l'économique de l'humain, le développement des civilisations où il s'inscrit. L’insistance pour une réelle justice sociale et un développement des peuples rejoint les intuitions qui furent celles du prophète Isaïe.
L’évangile de ce même jour évoque l’appel des premiers disciples : je ferai de toi un pécheur d’homme. Saint Paul aux corinthiens rappelle qu’il a été choisi come apôtre pour proclamer la mort et la résurrection de Jésus. Nous risquons souvent de spiritualisée ces appels faits par le Seigneur, au point d’en oublier les conséquences sur l’existence temporelle des hommes appelés à la foi. La foi invite à vivre la charité en vue de transformer tout l’univers pour que le Christ puisse en faire une offrande agréable à Dieu. Ce que le péché, les structures de péché ont détruit en l’homme, ilnous revient, avec la force du Christ ressuscité d’en faire un monde nouveau… pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Nous sommes appelés à devenir pécheurs d’homme, c’est-à-dire être un instrument dans les mains de Dieu pour que l’humanité soit entièrement transfigurée, réconciliée. La mission de l’Eglise que nous sommes est de favoriser l’union à Dieu et l’unité du genre humain, les deux à la fois. Demandons au Seigneur d’être disponibles pour l’œuvre de Dieu, chacun selon notre vocation. E.H.