C'est mon fIls bien-aimé, écoutez-le
2ème dimanche de carême
Genèse 15 5-18 ; Philippiens 3, 17 à 4,1 ; Luc 9, 28b-36.
Après avoir entendu le récit des tentations pour le 1er dimanche de carême, voici un autre récit de Luc, tout aussi symbolique, dont le but est d’aider à percevoir qui est Jésus. Ces deux récits sont à décoder selon les principes de l’exégèse de Benoit XVI : Qu’a bien voulu dire Luc, en son temps, pour ses contemporains ? Ensuite, en quoi cela me concerne-t-il ? A quoi suis-je appelé ?
Jésus est en prière sur la montagne : allusion évidente, pour les Juifs, à Moïse en prière sur le Sinaï. Pour nous aujourd’hui : importance de la prière, du temps consacré à Dieu… à défaut de montagne, au oins se retirer dans sa chambre.
Le visage et les vêtements de Jésus deviennent d’un blanc éclatant. Cela encore fait référence à Moïse dont le visage devenait éblouissant lors de ses rencontres avec Yahvé au Sinaï… Jésus visage ou reflet de Dieu au milieu des hommes, telle semble bien être la leçon de cette ligne. Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus. Là encore il n’est pas difficile de voir le contexte de cette affirmation. Jésus vient de demander aux disciples : qui Suis-je, et ils avaient répondu : Jean-Baptiste, ou Elie, ou l’un des prophètes. Ainsi ils avaient déjà situé Jésus dans le courant prophétique et non, le courant sacerdotal. C’est ainsi que Luc nous peint une scène ou Jésus dialogue avec les écrivains considérés comme les auteurs de la Loi et des livres prophétiques. Plutôt que de poser la question “que s’est-il passé ?”, ne vaut-il pas mieux se demander, à la suite de Benoit XVI : qu’est-ce que Luc veut dire aux gens de son temps : Jésus est au moins l’un des prophètes, et sa parole est considérée comme parole de prophète. Ce ne sera pas l’opinion des scribes et pharisiens ni du grand-prêtre qui, bientôt le condamneront.
Entre eux, ils parlent du départ de Jésus… Pendant ce temps, Pierre et les autres dorment. Or l’échange sur la passion de Jésus n’a de sens que si des gens entendent… mais les oreilles sont au repos. Pour nous aujourd’hui, quelle place tiennent les évènements mort-résurrection de Jésus dans notre existence au XXIème siècle ? Nous avons été baptisés en Christ, dans sa mort et sa résurrection… Là aussi nous pouvons méditer et apporter notre réponse : qu’est-ce que cela change pour nous, que le Christ soit mort et ressuscité ? Allons-nous nous arrêter à sa mort, développer la notion sacrificielle comme au Moyen-âge et au XVIIème siècle, ou prendre en considération que Dieu n’a pas voulu le laisser dans la mort… Alors nous pouvons rendre grâce pour Jésus que Dieu a ressuscité.
Ayant repris ses esprits, et avant de redescendre, Pierre souhaite que cet évènement soit immortalisé, qu’on s’y installe, au moins dans la durée d’un campement… Tout comme au désert, les hébreux avaient installé une tente pour Dieu, au milieu u campement. Luc invite ici à penser que quelque chose de l’Exode se continue… une certitude que le Dieu du Sinaï est encore présent aux gens qui accompagnent Jésus.
Pour confirmer cette conviction, voici que Luc signale une nuée, comme au temps du désert. Une parole vient accompagner cette présence divine : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui que j’ai choisi, écoutez-le”. Ecoutez-le s’adresse à Pierre et aux disciples. Nous savons qu’ils sont restés à l’écoute de Jésus même si, à certains moments, ils n’ont pas tout compris… Mais ils sont restés… (Luc comme Jean signalent les paroles : “et nous qui avons tout quitté pour te suivre…”, ou “à qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie”. Telles furent les réponses de ces disciples
Et nous, à l’égard de Jésus, qu’avons-nous compris ? En quoi l’écoutons-nous et veillons à le suivre sur les chemins, parfois tordus, de notre existence… ? Le récit se termine par :“ils ne dirent rien à personne à ce moment-là… ce qui laisse entendre que par la suite ils ont parlé. A nous aussi il arrive de se taire, puis d’oser parler de la présence de Jésus, de son Esprit au milieu de nous. Comme les catéchumènes, nous ne savons pas tout de l’histoire de Jésus, mais nous sommes invités à écouter, puis à transmettre ce que nous avons découvert.
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute… EH