Ressuscité le troisième jour
Expressions à relire avec leur dimension symbolique
Ressuscité le troisième jour. Le premier jour de la semaine. Au soleil levant
Les chrétiens proclament que Jésus s’est relevé, qu’il a été ressuscité par Dieu. Si Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine affirmait déjà saint Paul. Nous avons bien des difficultés à comprendre…Que comprendre ? Aucun évangéliste, aucune lettre d’apôtres ne décrit le moment de la résurrection. Jésus meurt sur la croix, les détails sont donnés jusqu’à l’ensevelissement dans une tombe. A ce moment là il y a rupture dans le récit. Il y a un avant, il y a un après. Mais du moment lui-même, rien n’est décrit. Il y a des affirmations pour dire que, après la mort de Jésus, ce n’est pas fini. “Dieu l’a ressuscité ; il s’est réveillé, relevé.
En plusieurs endroits, des chiffres viennent encore troubler notre interprétation. Ces chiffres parlaient aux lecteurs de mentalité juive, mais ils ne parlent pas à notre logique technique d’hommes de la modernité : le troisième jour, le premier jour de la semaine, au soleil levant... On peut essayer de comprendre sans vouloir chosifier le poids des chiffres. C’est à cause de leur dimension symbolique que les premiers chrétiens ont repris ces expression.
Le soleil s’étant levé.
Marc, le premier des évangélistes écrit : “De grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s'étant levé”. Son expression traduit ce que les chrétiens avaient compris depuis bien longtemps, le Christ est lumière qui se lève sur l’ombre de la mort… Ce sont les paroles d'un hymne que saint Luc met sur la bouche de Syméon : Lumière pour les nations pïennes (Lc 2, 31-32). C’est Zacharie qui avait aussi proclamé : "Par la bonté de notre Dieu, l’astre venu d’en haut nous a visité, il est apparu à ceux qui se trouvent dans l’ombre de la mort, afin de guider nos pas sur la route de la paix” Lc 1, 78-79
A première vue, les évangiles nous donnent l’heure : de très bonne heure, mais ce faisant, nous n’avons rien compris, si l’on n’accepte pas d’entrer dans une autre affirmation : celui qui avait été déposé dans la nuit du tombe et de la mort, celui-là est relevé par Dieu pour devenir lumière sur notre route. Ce fut la conviction (foi) de générations de chrétiens au point qu’on remplaça la fête du solstice d’hiver (où le soleil se relevait dans la nuit) par le fête de Noël. C’est à cause de cette foi que les chrétiens se réunissaient dans la nuit de Pâques, pour célébrer aux premières lueurs du jour la fête de Jésus ressuscité, victoire de la vie sur la mort… C’est aussi le sens du baptême des catéchumènes dans la nuit de Pâques, et qu’ils revêtent le vêtement blanc… la couleur du Christ et de Dieu.
Le premier jour de la semaine…
"Le lendemain du sabbat, des femmes viennent au tombeau"... C’est donc le premier jour de la semaine, le sabbat étant le septième jour de la semaine, selon le récit de la création, Genèse 1-2.
Dépassons la logique du calendrier pour rejoindre la logique de la foi : c’est une nouvelle semaine qui commence, un nouveau cycle, une nouvelle création.
Les pères de l’Eglise ont pris l’habitude de dire le huitième jour, associant le baptême dans la nuit de Pâques à une nouvelle création. Le chiffre huit se retrouve gravé dans l’architecture de baptistères et d’églises, pour signifier ce lien avec le premier jour de la nouvelle création : Florence, Ravenne, mais aussi une chapelle de campagne à Maroeuil, ou encore à Lorette, Ames, Hames ou Frencq…
Désormais, ce premier jour de la semaine deviendra le Jour du Seigneur (dies Domini ou dimanche)
Le troisième jour.
Là encore, nous avons chosifié le troisième jour, en comptant un, deux, trois jours après… Cette lecture matérielle détruit la lecture symbolique dont l’origine se trouve dans le livre d’Osée, où les Juifs repentants disaient : “Retournons vers Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira… après deux jours, il nous fera revivre”. Parole d’espérance s’il en est : il y a un avenir possible grâce à Dieu !
Pour les premiers chrétiens, la résurrection est avant tout une action de Dieu, fondée sur la confiance en Lui : Dieu ne peut pas abandonner dans la mort celui, celle qui a mis en lui sa confiance, sa foi. La mort, ce ne peut pas être pour toujours : le troisième jour, Dieu l’a relevé d’entre les morts. Ils se sont appuyé sur la parole d'Osée, sur celle des juifs persécutés au deuxième siècle avcant Jésus-Christ pour confirmer leur fois en Jésus que Dieu a ressuscité. La profession de foi des chrétiens reprend cette affirmation dans le credo: "le troisième jour, il est ressuscité des morts, conformément aux Ecritures..."
La traduction des Evangiles dit, à plusieurs reprises, que le Seigneur est apparu.... Il serait plus juste de traduire: "le Seigneur s'est donné à voir". Saint Paul, qui n'a pas connu ce temps de proximité comme les disciples, affirme lui aussi que le Seigneur s'est donné à voir, à lui, l'avorton, le moins que rien et que Jésus l'a envoyé porter l'Evangile de la Vie. Cette expression évite d'imaginer quelque vision ou apparition ou rêve de notre part. C'est Jésus lui même qui se donne à voir... Quelques paroles accompagnent ce moment: La paix soit avec vous... Allez! Je vous envoie. Aucune de ces rencontre n'invite à un retour en arrière. Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant... "Il vous précède" affiment les hommes (les annonceurs ou anges) au tombeau désormais vide. Désormais, la vie des chrétiens, c'est en avant que cela se passe. Si l'on fait mémoire du Christ au cours de la messe, c'est pour s'entendre dire "Allez dans la paix du Christ", allez signifier au monde que Dieu aime chacun.
Invitation à lire la page Résurrection et réincarnation
Ou Résurrection ou immortalité?
ou La veillée pascale au coeur de la foi chrétienne
Sur le renouveau de la liturgie pascale, Durrwell et la théologie du ressusscité, ou
J-L Souletie: Le destin du mystère de Pâques dans la christologie contemporaine
Les lectures du jour de Paques
Actes des apôtres, 10 34 à 43
Prédication de Pierre chez le centurion Corneille. Tout comme à Jérusalem, auprès ds Juifs le jour de Pentecôte, Pierre proclame que celui qui fut pendu au bois du supplice, Dieu l'a ressuscité. Tout homme qui croit en lui freçoit le pardon de ses péchés.
Paul aux Colossiens
Avec le Christ nous sommes ressuscité, notre vie est désormais tournée vers Dieu
Evangile selon saint Jean 20, 1-9.
Durant le temps de Pâques, l'Eglise nous proposera plusieurs récits autour de la Résurrection. Ce sont différents témoignages où des proches de Jésus racontent non pas ce qui s'est passé, mais leur foi, leur conviction en Jésus, ce qu'ils ont reçu de lui avant et ce qui ne peut être enseveli dans la mort. Il est bon de méditer les détails de chacun des récits, il est bon de rechercher ce que cela change pour moi, croyant... Les actuels changements au Vatican rappellent ce qui est essentiel au croyant, non pas les apparats, mais la certitude que tout homme est rejoint par le Christ, que la Parole du Christ doit être transmise, écoutée, vécue dans le quotidien, en particulier auprés des périphéries des villes et de nos coeurs. Si le geste du jeudi-saint revêt une telle émotion c'est qu'il lègue le message de Jésus: devenez serviteurs les uns des autres, sans exception, à la suite de ce que j'ai fait pour vous.