Pour vous qui suis-je ?

12ème dimanche ordinaire

Zacharie 12, 10 à 13,1 ; Galates, 3,26-29 ; Luc 9, 18-24
 

L’identité de Jésus a été et demeure pour chacun une réelle question. La lecture continue des évangiles a permis a beaucoup de découvrir que cette question parcourt les évangiles, pas seulement à un instant, mais tout au long de ces évangiles, tout au long de la vie de Jésus ! Devant la multiplicité des réponses émises, sans doute faut-il, de temps à autre revenir aux sources que constituent les évangiles, en évitant de rajouter toutes les réponses accumulées au fond de notre mémoire. L’attitude actuelle du pape François oblige à revenir à un peu plus de sérieux au milieu des nombreuses réponses que les traditions ont accumulées à son sujet.

 

Au moment où l’on a envie de faire de lui un messie glorieux, superstar, il vaut la peine de se rappeler l’affirmation fondamentale “nous, nous prêchons un messie crucifié !” Dans l’évangile du dimanche 16, nous avons pu voir le pharisien qui refuse à Jésus le titre de prophète ; en effet il s’est laissé approcher d’une femme de mauvaise vie. La fin du récit, début du ch. 8 de Luc, rappelait que Jésus était accompagné de nombreuses femmes, durant son périple, au même titre de disciples que les autres. Ceux qui ont lu les ch. 8 à 11 de Matthieu ont aussi pu constater que les reproches à l’encontre de Jésus sont nombreux : certains vont jusqu’à dire qu’il est le fils de Belzébul, le fils du diable…

 

Qui est-il ce Jésus pour que les foules des petites gens s’en approchent alors que les élites s’en éloignent comme de la peste ? Un homme qui tend à rendre égal chaque homme devant son frère ne peut être envoyé de Dieu… Nous pouvons voir cela aujourd’hui encore, quand il s’agit de limiter les plus hauts salaires, et d’élever les plus petits… Vouloir réaliser ce que Marie a chanté dans le magnificat est-ce une vue d l’esprit mauvais, ou une vue de l'Esprit-saint (il abaisse les puissants de leur trône, il élève les humbles…) Saint Paul affirme que, revêtus du Christ il n’y a plus désormais ni esclave, ni homme libre… tous nous ne faisons qu’un en Jésus-Christ.

 

Dans la réponse faite à Jésus par la foule et ses disciples il ressort que Jésus est classé parmi les prophètes… Or le prophète est celui qui dérange, qui met les points sur les “i”, en particulier question de justice sociale et de miséricorde. C’est encore Matthieu qui fait dire, au milieu des multiples reproches aux pharisiens hypocrites : “ vous vous acquittez avec souci de la dîme sur la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer sans négliger cela.” Négliger la justice, la miséricorde et la bonne foi… qu’est-ce à dire, hier comme aujourd’hui ?

 

Certes, on peut faire des salamalecs à longueur de journées, c’est-à-dire des excès de politesses et de révérences exagérées… mais rester fort éloigné du Royaume de Dieu, c’est-à-dire rester éloignés des derniers de la terre, les préférés de Dieu. Qu’il doit être difficile de prendre chaque jour la croix du Christ et de la suive… Cela vaut mieux que de réciter des pater et des ave au long de la journée, tout au long de nos marches d’été, sans vivre comme Marie, servante et pauvre, ou comme le Christ qui s’est fait lui aussi serviteur de tous, afin qu’à notre tour, nous devenions serviteurs de nos frères en humanité. EH