Heureux le serviteur en éveil et actif..
19ème dimanche ordinaire
Sagesse 18, 6-9 ; Hébreux 11, 8-19 ; Luc 12, 32-48
La communauté pour qui Luc écrit son évangile était une communauté où la plupart des gens vivaient à l’aise et ne se faisaient pas trop de soucis pour leur existence. Ce n’est pas une raison pour mettre en lecture facultative le début du récit où Jésus invite à vendre ses biens pour en faire une aumône. Le rapport de Jésus aux biens de ce monde est tellement déconcertant que Pierre éprouve le besoin de mettre des bémols : “cette parabole s’adresse-t-elle à nous ou tout le monde ?”, comme si tous n’étaient pas concernés par l’invitation à se mettre au service les uns des autres !
L’Evangile de ce jour pourrait servir de réflexion sur l’entr’aide, la solidarité que les chrétiens doivent avoir les uns envers les autres et même au-delà. Mais il est une réflexion en forme de parabole qui devrait aussi attirer notre attention : “Restez toujours prêts, en tenue de service…”Peut-être faudrait-il parler plutôt du sens de l’existence qui nous est donné par la foi, plutôt que l’obligation de se mettre en conformité avec les obligations morales. Aussi la béatitude est éclairante : heureux les serviteurs que le maître trouvera en éveil. Cela ressemble à la parabole des jeunes filles prévoyentes de l’évangile selon Matthieu.
Etre prêt signifie être attentif au maître qui doit revenir. Le serviteur montre ainsi que la chose la plus importante pour lui, c’est la relation avec son maître (Albert Vanhoye). C’est tout autre chose que l’attitude servile. Notre relation avec Jésus oriente notre relation aux autres. Faut-il un commandement (des commandements) pour savoir quoi faire ? Cela ne devrait pas être indispensable. Notre volonté doit correspondre des désirs, aux attentes du Seigneur. L’exempledu Seigneur qui lave les pieds des disciples devrait orienter notre être et notre agir pour qu’à notre tour nous devenions serviteurs du frère. Les lieux et occasions sont multiples, à commencer par le lieu de vie, professionnel, familial ou social.
LA complexité de la vie sociale aujourd’hui fait qu’il ne suffit pas toujours de bonnes intentions ni même d’apparence ; il faut exercer son esprit d’analyse. Une émission télévisée ne signalait-elle pas récemment les limites du “commerce équitable” tout au moins de l’usage qui en est fait aujourd’hui dans le commerce international et qui n’a plus rien à voir avec les souhaits d’origine… Apprendre à discerner, apprendre notre raison à aider notre cœur dans la manière d’être en éveil, jusqu’au jour où le Seigneur nous rendra ave Lui.
Abraham, cité dans la seconde lecture est une figure pour qui le premier geste religieux de sacrifier son fils lui semble légitime, jusqu’à ce que Dieu délégitime cette manière de faire. Il lui a fallu apprendre à discerner ce qui plait au Seigneur et tout le reste des idées véhiculées à son propos. Les religions anciennes regorgent de prescriptions de ce genre.
De nos jours encore, multiples sont les paroles qui disent ce qui faut faire pour plaire à Dieu… encore faut-il prendre le temps de discerner pour ajuster nos pensées aux pensés de Dieu. Ainsi, pendant plusieurs décennies le service du frère a pu semblé moins affirmé dans les discours de l’Eglise, surtout si ce service était davantage collectif plutôt qu’individuel. Etre prêt et discerner ce qui plaît à Dieu peut être une méditation utile pendant le temps du repos, avant de reprendre la route…EH.