Des derniers seront premiers.

21ème dimanche ordinaire

Isaïe 66, 18-21 ; Hébreux 12, 5-13 ; Luc 13, 22-30

 

Une première lecture rapide et comparative entre Isaïe et l’Evangile de ce dimanche pourrait laisser croire à une opposition entre l’esprit d’ouverture à toutes les nations, selon le dernier Isaïe et un durcissement du côté de Jésus, dans l’Evangile.

 

L’enseignement selon Luc 13 ressemble étrangement à la parabole des jeunes filles avisées et insensées (Matthieu 25). Les jeunes filles non prévoyantes ne peuvent entrer au festin des noces, parce que le maître a déjà barré la porte et ne les a pas attendues.

 

L’Evangile de ce jour parle aussi de porte fermée que le maître refuse d’ouvrir. Les paroles de Jésus s’adressent aux enfants du peuple Juif, ceux dont il est dit quelques lignes après notre texte (v.34) : “Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants…et vous n’avez pas voulu !” Les dernières lignes lues ce dimanche témoignent de l’ouverture envers les nations que Jésus accueille, alors que les fils de la nation élue sont exclus. Il y a donc à méditer sur la compréhension de l’Ecriture de ce jour et sur l’appel que nous pouvons recevoir.


Se croire trop vite du bon côté parce que membres du peuple élu fut une erreur fatale pour les auditeurs du temps de Jésus, auditeurs qui condamnaient très vite ceux qui n’étaient pas de leur côté : les pécheurs, les impurs et les païens. Il ne faut pas croire non plus que les premiers chrétiens soient allés de gaieté de cœur prêcher la Bonne Nouvelle aux païens, aux étrangers, à ceux qui sont de l’autre côté. Eux aussi ont mis un certain temps pour comprendre!

 

Ainsi les dernières lignes d'Evangile, lues ce dimanche rejoignent le dernier chapitre d’Isaïe, qui annonce l’accueil de tous les lointains dans la maison du Seigneur. Cela permet de mieux comprendre les paroles du pape François, qui cet été encore aux JMJ invitait à sortir des églises, à sauter par les fenêtres s’il le faut, afin de rejoindre ceux pour qui le Christ est venu. Au cours des dernières décennies nous avions cru entendre que l’essentiel était d’être rassemblés dans nos églises pour le culte et la prière… et voici qu’on nous demande d’aller sur les places et les carrefours, à la rencontre des lointains de l’Eglise.

 

Le pape souhaite “des missionnaires joyeux, ouverts, simples, qui n’ont pas peur de sortir dans la nuit, de croiser la route, de s’insérer dans les conversations, même avec les plus indifférents. Il faut partir de la périphérie, de ceux qui sont le plus loin, aller vers les pauvres, les vieux, les malades, les chômeurs.” Le dernier synode romain en octobre dernier nous avait déjà montré le chemin en invitant à annoncer à frais nouveaux l’évangile, en méditant comment Jésus est allé à la rencontre de la Samaritaine au puits de Sychar… Puissions-nous ne jamais entendre cette parole du Seigneur : Je ne sais pas d’où vous êtes !”.

 

Heureux sommes-nous si notre porte, celle de nos églises et des lieux d’accueil sont ouvertes ; heureux sommes-nous si nous partons et invitons nos voisins. La rentrée désormais toute proche est une bonne occasion pour aller au-devant : parents de jeunes enfants, maisons d’Evangile, services paroissiaux, mais aussi service dans la société. Voici encore quelques lignes à propos des JMJ de Rio : “Le pape a invité les évêques à être vigilants face aux questions existentielles de l'homme d'aujourd'hui... Il invite à une révolution de la tendresse, de la miséricorde. Il appelle à la rupture avec les pastorales éloignées et disciplinaires qui privilégient les principes, les conduites, les procédures organisatrices.

 

C'est à une réelle conversion pastorale qu'il invite, au-delà de l'Amérique latine, tous les évêques et les pasteurs du monde entier”. Il précisait encore, sur le changement en nous : “La réponse aux questions existentielles de l’homme d’aujourd’hui, spécialement des nouvelles générations, en prêtant attention à leur langage, comporte un changement fécond qu’il faut parcourir avec l’aide de l’Évangile, du Magistère et de la Doctrine sociale de l’Église.


On peut aussi relire les dernières lignes de la seconde lecture (Hébreux 12, 12-13) : Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent ; nivelez la piste pour y marcher. Ainsi, celui qui boîte ne se tordra pas les pieds ; bien plus, il sera guéri. E.H.