Suivre Jésus, est-ce possible?

23ème dimanche ordinaire

Livre de la Sagesse, 9, 13-18 ; billet à Philémon 9-17 ; Luc 14, 25-33

Le livre de la Sagesse, est écrit alors que le monde grec a déjà une forte influence sur la pensée religieuse juive. Ainsi dans la lecture de ce jour, la distinction corps et âme, corps périssable qui alourdit l’esprit est un héritage de la philosophie grecque (penser au mythe de la caverne…) où l’âme espère être libérée du corps pour rejoindre l’Un. Pour la pensée juive classique, corps et esprit c’est tout un. Il est intéressant de voir que l’Ecriture n’est pas un bloc unique parlant d’une seule voix sur la compréhension de l’être humain. Mais l’objectif de ce chapitre du livre de la Sagesse n’est pas de philosopher “à la grecque », c’est avant tout de savoir se tourner vers Dieu pour lui rendre grâce du don de l’Esprit saint qui œuvre en nous... et favorise la possibilité d’être à l’unisson avec la pensée et la vie de Dieu.

 

Le billet à Philémon. Paul raisonne selon les règles de son temps concernant les règles à tenir en présence d’un esclave qui a fui son maître. On a pu reprocher à Paul de n’avoir pas aboli l’esclavage… on peut faire un reproche plus grave encore à Napoléon qui a restauré l’esclavage, pourtant aboli en 1789 ! Le billet de Paul ne transforme pas les règles et législations que les hommes se donnent, mais il invite à mettre au-dessus de tout la commune appartenance au corps du Christ. Paul n’instaure pas une nouvelle loi, il ne dit pas ce qu’il faut faire. Il invite à considérer l’esclave comme un frère bien-aimé. Si aujourd’hui nos économistes distingués, traders et autres spécialistes des finances, mettaient en œuvre ce souhait de Paul, de considérer l’autre (surtout s’il est inférieur) comme un frère, peut-être n‘en serions-nous pas là aujourd’hui !

 

L’Évangile est à lire dans la continuité de la réflexion de Jésus sur “Comment faire pour parvenir au Royaume de Dieu ?” (ch. 14-17).  Jésus utilise diverses comparaisons, paraboles ou explications, avec l’objectif de présenter le visage de Dieu son père, un Dieu miséricordieux. Une caractéristique de Luc, plus que Matthieu ou Marc, est de manifester cette tendresse affectueuse de Dieu à notre égard. Les paroles de Jésus sont "de bon sens" sur l’art de conduire son domaine agricole ou les affaires de la guerre. Qu’il en soit ainsi aussi dans le choix de mettre ses pas derrière ceux de Jésus.

 

Le texte de ce jour peut sembler impossible à mettre en oeuvre. C'est pourtant d'actualité: s'asseoir avant de partir à la guerre! Comment faire pour devenir disciple, tout quitter, est-ce posible? Tout n’est pas dit, car, vu les risques qu’il y a à suivre Jésus, vu les difficultés rencontrées et les risques de dévier du chemin proposé, peu risquent d’être élus…Alors quelle place aurons-nous auprès du Père?  La suite de Luc, ce sera dimanche prochain, avec le ch. 15 : ce sont trois paraboles sur le perdu et le retrouvé : la perle, la brebis, le fils perdu… Si nous faisons une lecture de l’Evangile en pièces détachées nous risquons de ne pas voir le tracé global de Luc qui relie les ch. 14 et 15, où devrait résonner plus souvent cette affirmation : “aux hommes, c’est impossible, mais à Dieu, tout est possible”. Mettons-nous en route, confiants en la miséricorde du Père à notre égard. EH