Entre dans la joie de ton Père
24ème dimanche ordinaire
Exode 32, 7-14 ; 1 Timothée 1, 12-17 ; Luc 15, 1-32.
Si nous avons en mémoire les évangiles des précédents dimanches, nous nous souvenons des difficultés énoncées pour parvenir au Royaume de Dieu : quitter père et mère etc., prendre la dernière place ; entrer par la porte étroite, ou encore la question des disciples : “N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?” L’Evangile de ce dimanche, le père prodigue, est l’aboutissement de la réflexion de Jésus, rapportée par Luc sur plusieurs chapitres. Quelle idée doit-on se faire de Dieu, quelle image avons-nous de lui. Entre l’image du juge, du justicier, celui de la sévérité ou du maître impitoyable, nous avons un catalogue bien étendu, davantage dans le sens de la rigueur que dans le sens de la miséricorde. Les anciennes prédications basées sur la peur de Dieu appartiennent fort heureusement au passé, car le Dieu que nous présente Jésus est un Dieu de miséricorde.
La parabole du père prodigue est une invitation à méditer sur le visage de Dieu : un Dieu Père, miséricorde, pardon, amour. Alors que le fils ne mérite vraiment plus d’être appelé fils, alors qu’il n’est plus rien tant il s’est rendu indigne de ce père, voici qu’il est réintroduit dans sa dignité de fils. Cet évangile n’est pas là pour nier les difficultés du chemin ni les faiblesses des disciples, dont nous sommes, il est là pour nous inviter à changer de logique devant Dieu. La logique du Dieu des Evangiles n’est pas celle d’un comptable qui calcule le bien ou le mal que nous aurions fait, ni un spécialiste qui juge aux efforts que nous aurions faits. C’est le visage de la miséricorde et du pardon.
Peut-être avons-nous encore en mémoire : “aux hommes c’est impossible, à Dieu seul cela est possible”. L’apôtre Paul en a pris conscience au moment où il est terrassé sur le chemin de Damas (cf. 2ème lecture). Lui qui prêchait la rigidité d’une pratique de la Loi, il découvre que la Bonne Nouvelle de Jésus est tout autre chose : ce que les commandements de la Loi ne nous permettent pas d’obtenir, Jésus nous l’accorde, alors que nous sommes des moins que rien devant Dieu.
Ce n’est pas du laxisme, c’est l’établissement d’une relation de confiance. Dans le même esprit nous pourrions méditer la réponse de Pierre jésus : Pierre m’aimes-tu ?.... tu sais bien que je t’aime. Il n’y a pas d’affirmation catégorique, seulement la certitude de Pierre que Jésus le connait au fond du cœur.
Dan cet esprit, il est intéressant de relire l’Ancien Testament. Ce dimanche nous voyons Moïse intercéder en faveur du peuple indigne… “Souviens-toi de ta promesse !” “Pourquoi laisser la colère t’enflammer le visage ? Et le Seigneur renonça à s’emporter contre le peuple qu’il avait fait sortir d’Egypte…
Cela nous concerne personnellement, dans notre relation intime ave Dieu notre Père, mais cela nous concerne collectivement, quand nous sommes Eglise témoin auprès du monde. De quel Dieu sommes-nous témoins auprès des gens qui viennent à la rencontre de l’Eglise pour demander ceci ou cela… De quel Dieu sommes-nous témoins ? Quand sommes-nous capables de nous asseoir à côté de la personne en attente, perdue au milieu de ses soucis quotidiens ?
S’asseoir comme Jésus au puits de Samarie, c’est à cela que nous appelle le synode pour l’évangélisation, (Rome octobre 2012)… C’est à cela que tendent les gestes du pape François, que ce soit le jeudi-saint, que ce soit dans la visite d’une favela, que ce soit quand il invite les évêque à être autre chose que des administrateur, ou quand il demande aux chrétiens de supprimer les barrières de douanes pastorales, demandant aux chrétiens de se rendre proches de ces personnes avant même, de leurs demander s’ils ont les papiers en règles. A quelle difficile conversion sommes-nous appelés, alors que, depuis deux siècles, les autorités religieuses sont ont bombardés de sentences d’anathèmes, de syllabus ou de catalogue des idées perverses. Soyons heureux aujourd’hui de découvrir dans l’Evangile le visage d’un Dieu père, et vivons à son image. EH