Vautrés sur leurs divans… !

26ème dimanche ordinaire

 Amos 6, 1-7 ; 1 Timothée 6, 11-16 ; Luc 16, 19-31
La première lecture et l’évangile sont à lire dans la continuité du dimanche précédent. Amos continue sa diatribe envers ceux qui vivent tranquillement sur leurs couches dorées pendant que les pauvres continuent à souffrir la disette. Cela ressemble étrangement aux paroles du pape François, le 22 septembre en Sardaigne, qui s’indignait contre le système actuel et invitait à y résister : “c’est le résultat du choix mondial d’un système économique qui conduit à cette tragédie : un système économique qui a au centre une idole qui s’appelle l’argent”. C’est un système qui idolâtre l’argent, le Moloch des temps modernes. Et de dénoncer la disparition du mot solidarité…

 

Les instances vaticanes ont longtemps feint d’ignorer les paroles des prophètes, surtouts quand ils dénonçaient les injustices criantes subies par les pauvres… On peut bien chanter il abaisse les humbles, il élève les pauvres…” Les très chrétiens dictateurs d’Amérique latine ont même supprimé de leur missel ces paroles du cantique de Marie. Je n’ai pas souvenir qu’un évêque ait contesté cette manière de faire. Les paroles du prophète Amos ont toute leur place aujourd’hui encore, quand on voit comment les choix des politiciens (Thatcher et Reggan) de libéraliser le monde économique, de le dispenser de règles contraignantes a pu amener les conséquences que l’on sait. Les Ecritures rapportent l’expérience humaine et croyante du peuple de Dieu. Les paroles de ce dimanche en font partie.

 

Quant à l’Evangile, où est racontée l’histoire du pauvre Lazare à la porte du riche qui ne l’a pas vu… il suffit de se rappeler la finale de dimanche dernier : “Faites-vous des amis avec l’argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles… L’homme aux vêtements luxueux n’a pas du mettre en œuvre cette maxime. Pour aujourd’hui, cela suppose que l’on croit en un au-delà, après la mort… Que l’on croit au ciel et à l’enfer ou non, cela ne dispense pas d’avoir une estime de soi dans la conduite de sa vie. L’histoire de la philosophie enseigne la recherche des grands hommes dans le sens d’une conscience éclairée. On eut bien reproche à Diderot, D’Alembert ou Zola d’avoir détesté la religion, il n’empêche que la religion d’alors, excepté les actes charitables, était loin d’avoir le souci du pauvre et de l’amélioration des conditions sociales d’existence. Nous fêtons cette année l’anniversaire d’Ozanam. Il a cherché à réveiller les consciences chrétiennes devant la misère du prolétariat…

 

A sa manière Jésus n’a pas été étranger à la misère des pauvres de son temps. La société était différemment organise, certes, mais le Christ n’a pas fermé les yeux, au contraire, il a provoqué, par de nombre de paraboles à ce que les plus puissants de son temps, deviennent des acteurs de service en vue d’honorer les pauvres.

 

L’actualité de ce temps fait que l’on porte prioritairement son regard sur le terrorisme (Nairobi) ou la guerre (Syrie, Lybie, etc.) et que les questions sociales sont moins présentes à l’esprit… Le riche de l’évangile n’a pas su voir au-delà du portail de sa demeure. Saurons-nous ouvrir les yeux au-delà de nos murs, de maison, d’église ou de frontière nationale ? La réponse faite à la fin de la parabole c’est de rappeler que l’on a tout ce qu’il faut pour savoir bien faire… encore faut-il accepter d’ouvrir les yeux et le cœur, encore faut-il avoir à l’esprit que nous ne sommes pas les seuls au monde. L’enseignement social de l’Eglise porte entre autre affirmation: la destination universelle des biens. Comment aujourd’hui cela est-il honoré ? Sommes-nous donc si peu de baptisés dans le monde, que nous n’ayons aucune influence sur les décisions des politiques et des économiques?… ou bien y a-t-il d’autres raisons. A nous de chercher, de trouver, et de modifier le sens des actions de lobbying ! E.H