Augmente en nous la foi

27ème dimanche ordinaire

Habacuc 1, 2-3 et 2, 2-4 ; 2 Timothée 1, 6-1 ; Luc, 17, 5-10
Après plusieurs chapitres concernant la manière de vivre selon l’esprit du Royaume, voici la prière des disciples dans l'Evangile : "augmente en nous la foi…" C’est le genre de prière exprimée quand on n’arrive pas à comprendre le maître et quand on n’arrive pas à mettre en œuvre le service du plus pauvre…Bientôt nous verrons les disciples se chamailler sur qui est le plus grand. Ils demandent alors à Jésus de les départager et Jésus propose de se mettre au service du plus petit, de devenir comme l'un de ces petits qui jouent chantent en rient en présence du Père.

 

Lorsqu’aujourd’hui nous demandons au Seigneur d’augmenter la foi… (ce qui est légitime), n’est-ce pas d’abord parce que les enseignements de Vatican II, ou du pape François aujourd’hui ne font pas partie de notre culture ? Quand il était demandé de développer la dialogue avec la société, avec les hommes et les femmes de notre temps, qu’a-t-on vu se développer dans les années qui suivirent : un recentrage sur la célébration liturgique et un délaissement du service du frère, au point qu'il fallu créer le dynamisme de diaconia 2013 pour rectifier nos agirs.

 

Fort heureusement on ne lit pas chaque dimanche, lors de la liturgie, l’épisode des vendeurs chassés du Temple… C’était déjà, de la part de Jésus, une mise en garde contre le risque de se replier sur les affaires du culte et dela religion, pendant que les Syriens galèrent sur nos côtes de la Manche et de la Mer du Nord, syriens dont on ne se préoccue guère, sauf quand ils sont morts noyés!.


La dernière phrase de l’Evangile : "Nous sommes des serviteurs quelconques, nous n’avons fait que notre devoir" est à méditer. On peut toujours s’excuser ou se défausser du service du frère… Pourtant il est clair qu’au dernier jour, c’est là-dessus que nous serons jugés, et non sur le nombre d’Ave et de Pater que nous aurons récités. Il y a toujours eu dans la religion tendance à dissocier le service du frère et le service de Dieu, au point que la catégorie des prophètes a du mettre les points sur les i, ironisant sur l’assiduité au culte et l’égale assiduité à souhaiter qu’arrive le lendemain, où l’on pourra enfin continuer à fausser les balances et à escroquer les pauvres (relire Amos).

 

Au moment où les énarques font le bilan de la crise des années 2007-2008, force est de constater qu’elle a profité à quelques-uns pendant que les autres, les pauvres des pays riches et les pauvres des pays pauvres, s’enfonçaient dans la misère. Nous n’avons pas le droit de séparer le temporel du spirituel au nom d’une lecture controversée du "rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Jésus a eu vite fait de montrer aux donneurs de leçons qu’ils étaient les premiers pécheurs, eux qui possédaient dans leurs poches les idoles sculptées sur leurs  pièces d’argent (ou d'or), qu’il leur était pourtant interdit de posséder…


On comprend la plainte du prophète Habacuc, exacerbé de tant de violence en son temps… Que dirait-il aujourd’hui à propos des Coptes en Egypte, des Syriens bombardés ou exilés, des chrétiens pakistanais massacrés, etc. Avec l’impression que Dieu n’écoute pas! Et pourtant le prophète garde au cœur le choix des valeurs : “celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité”.

 

Retenons ce souci de la fidélité comme marque d’appartenance à Jésus. Fidélité à la suite de Jésus qui marchait sur les routes de Palestine hier, sur les routes de nos contemporains, aujourd'hui… Fidélité d’aller à leur rencontre pour partager entre tous les biens de la terre et du ciel : la "destination universelle" de biens fait partie de la doctrine sociale de l’Eglise ; vouloir vivre à côté de cet enseignement, c’est ne pas être fidèle à ce que Paul demande à Timothée... ce que nous risquons de faire par certains silences dans les églises. E.H.