Quand il viendra, trouvera-t-il la foi ?
29ème dimanche ordinaire
Exode 17, 8-13 ; 2 Timothée 3, 14 à 4,2 ; Luc 18, 1-8
Les lectures de ce dimanche offrent un enseignement sur la nécessité de prier. Tout n’est pas dit sur “comment prier en quelques lignes. Il faudrait relire d’autres récits, en particulier quand Jésus propose à ses disciple de prier “le Notre Père”, ou quand il laisse entendre que Dieu sait déjà ce dont nous avons besoin. On pourrait aussi reprendre la prière de Jésus avant la passion en saint Jean.
Retenons pour aujourd’hui l’insistance sur le persévérance. Ce n’est pas parce que çà ne marche pas, qu’il faut désespérer et abandonner. La prière est avant tout une invitation à accorder notre cœur au cœur de Dieu (et non l’inverse, c’est-à-dire vouloir que le cœur de Dieu s’accorde d’abord à nos volontés ou désirs.
La prière de Moïse est une prière de demande… pour le salut du peuple, et non pour lui-même. Le récit est à lire avec un peu d’humour : quand Moïse lève ou baisse les bras… çà gagne ou çà casse! Humour, sinon nous serions dans une sorte d’échange donnant-donnant avec Dieu, ce qui n’est certainement pas la bonne relation entre lui et nous… Pourtant bien des prédications simplistes insistent aujourd’hui encore sur ce donnant/donnant.
Prier pour que le peuple de Dieu aujourd’hui et demain parvienne au but -tout comme le peuple hébreu au temps de Moïse, c'est une noble prière. Et nous devrions davantage prier que l’Eglise soit toujours plus fidèle à Jésus notre Seigneur. Il y a beaucoup à faire pour qu’elle soit douce et humble de cœur, pour qu’elle accueille le pécheur avec miséricorde, qu’elle fasse appel pour devenir disciples à des gens comme Matthieu qui ne correspondent pas aux critères de sainteté préalable. Dimanche dernier l’Evangile nous faisait remarquer que seul un étranger avait pris le temps de revenir vers Jésus pour rendre grâce à Dieu…
Le pape François, -qu’on l’accepte ou non-, porte en lui une manière de vivre où l’Eglise sort de sa forteresse. Quand à sa manière de prier, il rappelle dans son interview aux jésuites, en conclusion : sa prière est d’abord celle de l’Eglise (eucharistie et liturgie des heures) ; ensuite sa prière personnelle c’est de se mettre devant le Seigneur et lui reparle des personnes qu’il a rencontré dans la journée, ensuite c’est de redire ce qu’il a vu de l’action de Jésus dans son Eglise, dans telle paroisse en particulier. C’est sa manière à lui d’éviter les distractions, dit-il. Et chaque jour, c’est à refaire, puisque chaque ce sont d’autres visages d’autres situations de paroisse qui lui parviennent à l’oreille.
Pour continuer notre méditation avec l’évangile/ Jésus nous livre une image, une comparaison où une pauvre veuve esssaie d’obtenir justice… aussi je me demande quand nous, croyants et disciples, nous agissons pour que vienne la justice pour x, y ou z ». Au moment où j’écris ces lignes on parle d’une jeune kosovar et de sa famille, traité avec iniquité. Qui prendra leur défense… les autres ou nous-mêmes ?
Hier on m’a fait entendre le témoignage d’un Syrien de Calais. Où es-tu Seigneur pour que nous venions à ton aide demandaient les foules lors du Jugement dernier… J’étais là, répond Jésus, dans ce pauvre qui crie famine, dans ce prisonnier seul, dans ce malade… Prier, c’est voir et entendre, c’est se tourner vers Jésus pour qu’il nous donne d’avoir les mêmes sentiments que lui.
Seigneur, apprends-moi à prier come toi tu l’as fait, et à mettre à l’unisson ma prière avec mes actes (En Matthieu ch7 : “Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut faire la volonté de mon Père qui est aux Cieux").
La fin de l’Evangile de ce jour a de quoi surprendre : “Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi ?”. Comment interpréter ? Une interprétation parmi d’autres : sans doute sommes-nous prêts à prier pour nous-mêmes. Mais à prier et agir pour que grandisse la foi, la foi authentique, à la suite de Jésus, et pas la simple religiosité globale commune à la plupart des humains sur la terre, c'est une autre affaire.