Le Dieu des vivants

32ème dimanche ordinaire

Second livre des martyrs d’Israël (ou des Macchabée) 7, 1-14 ; 2 Thessaloniciens 2, 16 à 3,5 ; Luc 20, 17-38
L’évangile de ce dimanche, avec les sept frères et leur veuve, met en scène les petits calculs des esprits étroits que furent, au temps de Jésus, les sadducéens, les spécialistes du culte au Temple de Jérusalem, au temps de Jésus… Ils imaginent l’histoire d’une femme mariée successivement à sept frères, comme preuve par l’absurde qu’il n’y a pas de résurrection. Pour eux rien ne devait être innové par rapport aux croyances d’autrefois ; aussi leur réflexion se fait-elle hargneuse pour faire comprendre au Christ et aux premiers chrétiens qu’ils sont complètement dans l’erreur quand ils croient en la résurrection.

 

A la différence des esprits saducéens et étroits, les croyants Juifs du deuxième siècle avant J-C, vers 167 avant J-C n’osent pas imaginer que Dieu puisse oublier ceux qui sont morts pour avoir mis toute leur confiance en lui, accepté se subir la persécution et la mort plutôt que de trahir leur Dieu. C’est à cette époque que s’est affirmée la croyance en la résurrection. C’est à cette même époque que commencent à s’opposer deux courants : les pharisiens et les saducéens. Dans les débats qui les opposent à Jésus en fin d’évangile de Marc, Luc et de Matthieu, on mesure ce qui les séparent…. D’ailleurs, plus tard, on parlera de pharisiens qui seraient devenus chrétiens, mais jamais il n’est question de saducéens convertis par les premiers chrétiens.

 

Mais ce serait nous égarer que d’en rester à une étude archéologique de la pensée juive et chrétienne sur l’au-delà de la mort. Si ces lectures nous sont proposées c’est aussi et d’abord, pour nous rappeler l’affirmation fondamentale de la foi chrétienne : “Si Christ n’est pas ressuscité notre foi est vaine” 1 Corinthiens 15. Nous venons de fêter la Toussaint, nous sommes allés nous recueillir sur les tombes de nos proches défunts… N’est-ce pas une manière de redire , pour eux et avec eux, les paroles du psaume : “Tu ne peux m’abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption (Ps.16). Ce serait encore se tromper que d’imaginer l’au-delà comme un retour à une vie physique et matérielle pleine et entière. Les Evangiles ne se prononcent pas là-dessus, la seule certitude qui nous soit donnée c’est que Dieu ne nous abandonne pas, que la relation que nous aurons établi avec lui, relation croyante, cette relation ne sera pas détruite. Si Jéus parle de 'comme des anges' c'est plutôt our signifier qu'ils son davantage "du côté de Dieu" et moins "à l'image des vivants" que nous sommes.

 

On remarquera aussi l'argument qui conclut la discussion de Jésus avec les sadducéens, ces intégristes du Temple: "Ne dit-on pas le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob: Il n'est pas le Dieu des morts mais des vivants..." Aujourd'hui ce genre d'argument ne suffirait plus, mais au temps des évangiles, cette affirmation leur a cloué le bec... Il est des moments où il faut savoir clore le débat, c'est ce qui fit le Christ en ce temps-là. Il faudrait savoir en faire autant aujourd'hui avec tous les spécialistes en arguties, ceux qui argumentent sur l'invalidité du synode, sur l'incompétence du pape et de son autorité, etc... Nous devrions pouvoir leur dire: "Vous avez prêté obéissance à votre évêque pour servir l'Eglise. Alors pourquoi vouloir ainsi marginaliser le pape, les évêqques et l'enseignement des conciles ?" E.H.