Pour vous, occasion de rendre témoignage
33ème dimanche ordinaire
Malachie 3, 19-20 ; 2 Thessaloniciens 3, 7-12 ; Luc 2, 5-19
Si la sélection du missel des dimanches avait donné deux versets de plus à la première lecture, du livre de Malachie, il est probable que beaucoup d’entre nous ne poseraient plus la question sur la référence à Moïse ou Elie ou au grand prophète, quand ils abordent la lecture en continu des Evangile, lors de la Transfiguration en particulier.
Voici donc la suite des versets 3, 19-20 de Malachie : “Rappelez vous la Loi de Moïse, mon serviteur à qui j'ai prescrit, à l'Horeb, pour tout Israël, des lois et des coutumes. Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que n'arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème”. Ces quelques lignes sont la conclusion de la Bible hébraïque, livre qui clôturait l’Ancien Testament.
Il n’est pas étonnant que les premiers chrétiens et les pères de l’Eglise aient interprété ces quelques lignes comme directement orientées vers Jésus. Pourquoi est-il question de Moïse et Elie lors de la transfiguration. Pourquoi se sont-ils demandé si Jean-Baptiste n’était pas Elie revenu avant que ne paraisse le jour de Yahvé (la venue du Messie d la fin des temps) ? Voici donc quelques versets par lesquels sont reliés l’Ancien et le Nouveau Testament. Les lecteurs de Saint Jean en Maison d’Evangile se sont interrogés sur les questions posées à Jean-Baptiste : si tu n’es ni le Messie, ni Elie, ni le grand prophète, pourquoi baptise-tu ?” (Jean 1, 25)
Fort intéressant est le texte de l’Evangile de ce dimanche, où l’attitude des disciples contraste fortement avec celle de Jésus. Sans doute serions-nous, comme les disciples, attirés vers les spectacles des grands édifices religieux que ce soient nos cathédrales ou le Vatican ou la basilique Saint-Pierre… capables d’admirer les grandes et belles œuvres d’art, mais nous serions beaucoup moins attirés à porter attention à l’humilité d’une humble servante, comme le rappelle saint Luc au paragraphe précédant le texte d'aujourd'hui (Luc 21, 1-5) et que le lectionnaire place ailleurs.
Que ce soit hier avec Jésus, que ce soit aujourd’hui avec le pape François, il y aura toujours de mauvaises langues pour reprocher que le pape s’attarde le jeudi-saint auprès d’une musulmane, enfermée dans une prison de Rome… comme s’il n’y avait point autre chose à faire que ce geste jugé inconvenant par les grand penseurs er admirateurs de la liturgie extraordinaire. Le regard de Jésus sur les gens est bien différent de celui des disciples. Nous en avons une autre illustration à propos de la rencontre avec la Samaritaine, dont il est explicitement écrit que les disciples ne comprennent pas que Jésus parle avec cette femme de Samarie. Mgr Pontier (Assemblée annuelle des évêques de France) s’inspire de l’attitude du Christ qui part des plus pauvres pour évoquer quelle devrait être l’attitude des disciples d’aujourd’hui (discours ouverture du synode)
A la suite de la remarque de Jésus, nous pouvons lire l’annonce de moments difficiles pour les disciples, qui seront, comme leur maître, poursuivis et persécutés… Sur quoi l’Eglise de chez nous est-elle-persécutée aujourd’hui ? Je sens davantage un désintérêt vis-à-vis de l’Eglise car elle s’est désintéressée de ce qui fait le quotidien de la plupart des hommes d’aujourd’hui… ressasser des formules pieuses (autrefois en latin) ne nourrit pas son homme. Jésus préférait fréquenter les gens de peu : pécheurs, lépreux, exclus ou publicains… C'est un appel adressé par le pape et nombre d'évêques pour que l'Eglise devienne une Eglise de pauvres et pour les pauvres.
Une parole du livre des Proverbes évoque l’attitude de ces gens de rien, qui plaisent à Dieu et aux hommes : “On ne les rencontre pas au conseil du peuple et à l'assemblée ils n'ont pas un rang élevé. Ils n'occupent pas le siège du juge et ne méditent pas sur la loi. Ils ne brillent ni par leur culture ni par leur jugement, on ne les rencontre pas parmi les faiseurs de maximes. Mais ils assurent une création éternelle, et leur prière a pour objet les affaires de leur métier”. Ecclésiastique 38, 33-34. Jésus ne s’est pas évadé de la misère humaine, bien au contraire, il s’est fait chair, il a pris la condition humaine, il s’est fait l’un de nous pour nous élever à la gloire de Fils de Dieu. A chacun d’entre nous il revient de suivre le Christ dans la condition d’aujourd’hui afin de faire naître des fils et des filles pour Dieu.
Cette réflexion ne serait pas complète si l’on ne prenait pas en compte la mise en garde de Jésus… en son temps mais c’est encore vrai aujourd’hui : bien des gens viendront en disant “’est moi”, ou “Le moment de la colère de Dieu est tout proche”, etc. Aujourd’hui, autour de nous se lèvent des censeurs qui se prétendent dignes représentants des volontés divines… méfions-nous de ceux qui se présentent à nous comme les représentants "officiels" de Dieu et de ses volontés… c’est dans l’humilité et la proximité, dans le service du pauvre que noue le rencontrons; d'est dans son humilité, dans son humiliation que l’on reconnait le véritable ami de Jésus. E.H.