Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde

5ème dimanche ordinaire

Isaïe 58, 7-10 ; 1 Corinthiens 2, 1-5 ; Matthieu 5, 13-16

 

Les quelques lignes de l’évangile de ce jour introduisent ce que nous avons coutume d’appeler “le sermon sur la montagne”. Jésus a-t-il proclamé d’une seule traite ces trois chapitres 5 à 7, où, selon une figure de style, n’est-ce pas Matthieu qui a rassemblé ici la plupart des propos de Jésus que l’on pourrait qualifier d’enseignement. Si l’on accepte de lire les chapitres suivants, 8 et 9, on se rend compte d’une accumulation de récits de rencontres de Jésus avec différentes catégories de gens.

 

Après l’ouverture générale que constituent les béatitudes, l’affirmation vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde, c’est comme une affirmation d’une mission confiée, plutôt que l’attribution d’un titre de gloire : Vous êtes le sel de la terre : il vous revient de donner goût à ce monde qui peine et qui ploie sous le fardeau… vous êtes la lumière du monde :il vous revient d’éclairer le chemin des hommes, chemin sur lequel beaucoup ne voient plus où aller, comment continuer leur existence sous le soleil de Dieu (relire Isaïe 58 !).

 

Les images de la lumière et du sel sont suffisamment parlantes pour qu’il ne soit pas besoin d’en rajouter. Repérons cependant la conclusion : “afin que les hommes rendent gloire à votre Père qui est aux cieux… Rendre gloire de ce que vous faites… il ne s’agit pas de l’enseignement que nous aurions porté, que du témoignage des actions. Car tel est bien le conflit d’interprétation que l’on retrouve  propos de la nouvelle évangélisation : s’agit-il d’enseigner ou s’agit-il de se rendre proche des hommes et des femmes de notre temps ? La première personne que rencontrera le Christ au début du ch. 8 est un lépreux, et le geste posé est celui de se rendre proche de cet homme qu’il ne devrait absolument toucher, selon la Loi juive. Or tel est le paradoxe de Jésus : il oublie la Loi pour se rendre proche de cet homme qui n’en demandait peut-être pas tant.. La mission confiée par le Christ à ses dsiciples n’est pas “spirituelle” au sens de désincarnée, mais bien concrète, sur la route des hommes… c’est ce que laisse entendre l’extrait d’Isaïe ch. 8 lu en première lecture : partage ton pain avec celui qui a faim… si tu fais disparaitre le geste de menace…

 

La seconde lecture, lettre de Paul aux Corinthiens suppose que l’on se rappelle les conditions dans lesquelles il est arrivé à Corinthe ; Il venait d’Athènes où il avait espéré convaincre par une grande éloquence à la manière des Athéniens du grand siècle… son discours n’a pas convaincu, loin de là. En efefet, parler d’incarnation de la pensée (le logos) là où les athéniens espéraient une désincarnation de l’esprit loin de la chair ne pouvait pas être reçu… C’est ce qui se passe encore aujourd’hui où l’on reprocherait aux chrétiens d’être trop de ce monde, et pas assez étranger au monde d’aujourd’hui. Sans doute la lettre à Diognète pourrait nous aider à mieux nous sentir présents au monde d’aujourd’hui… ? Pour l’auteur de cette lettre il ne s’agit pas d’être désincarné, mais bien présent au monde où nous vivons. Cela ne signifie pas se confirmer au ponde tel qu’il est, mais être avec et dialoguer avec, afin que celui à qui nous avons mis notre foi prenne corps dans ce monde étranger au Christ, afin qu’il y fasse sa demeure. E.H.