Fête de l'ascension

Certains eurent des doutes…

Actes 1, 1-11 ; Ephésiens 1, 17-23 ; Matthieu 28, 16-20

 

"Certains eurent des doutes…"

Il est assez rare que les commentateurs et prédicateurs s’arrêtent sur l’expression de Matthieu, à la fin de son évangile, au moment où Jésus se sépare de ses disciples et leur confie la mission de faire des disciples de toutes les nations…

 

Il est vrai que cette expression certains eurent des doutes brise un peu l’image idyllique que nous pouvons avoir au sujet des disciples, dans ce temps intermédiaire entre la mort de Jésus et la Pentecôte. C’est faute d’avoir lu et médité en détail les quelques récits d'après la Passion-Résurection que nous nous sommes forgé une image réconfortante et plutôt sulpicienne de cette étape intermédiaire où les disciples désarçànnés par la mort de leur maître deviennent ceux qui annoncent sa relation avec Dieu Père..  

 

L’évangéliste Marc fait allusion au silence des femmes qui ne dirent rien à personne ; Luc évoque la tristesse et la fin de parcours des disciples sur la route d’Emmaüs avant que le dialogue et la fréquentation des Ecritures ne les aident à comprendre autrement l’histoire de Jésus… Matthieu n’a pas voulu gommer de son récit ce temps du doute. Les Actes des apôtres laissent entendre que les disciples n’ont pas bien compris quand ils posent la question “Est-ce maintenant que tu vas rétablir le Royaume pour Israël ?”.

 

“Certains eurent des doutes”. Alors que les évangiles, plus d’une fois, nous présentent Jésus invitant à dépasser la peur et le doute (Pierre sur le lac, les apôtres au soir de la résurrection), ici, Jésus continue sa réflexion en proposant de porter la Parole aux extrémités de la terre… un peu comme si la réponse ou plutôt le dépassement du doute résidait dans la mise en route pour ce service demandé, service d’annonce. Ne pas comprendre Jésus, avoir des doutes, ne pas oser parler….

 

Autant d’attitudes des disciples qui devraient nous rassurer. En effet il nous arrive aussi, bien souvent, de ne pas comprendre ni Jésus ni son Eglise, d’avoir des doutes et parfois de nous taire… Inutile de nous culpabiliser. Reconnaissons simplement que le mot foi n’est pas l’expression d’une certitude obligée. La foi est comme un itinéraire où le croyant accepte de mettre ses pas à la suite de Jésus. La foi est autre chose que l’adhésion à une doctrine ou à des vérités. C’est bien un chemin que l’on parcourt, entouré d’autres croyants. Certains ont une assurance indéfectible, d’autres avancent comme à tâtons.

 

Le Christ Jésus n’ignorait pas les difficultés à venir quand il annonçait la venue d’un avocat (advocatus) ou défenseur, (voir Jean 14) le Paraclet plus communément dénommé Esprit-Saint. Certains voudraient qu’il nous rendre pétillant comme un vrai champagne… Prions le Seigneur Jésus qu’il nous donne d tenir sur la route en proximité avec lui et fidèle à l’annoncer auprès des hommes et des femmes rencontrées.