La graine portera du fruit

15ème dimanche ordinaire

 

Isaïe 55, 10-1 ; Romains 8, 18-23 ; Matthieu 13, 1-23

 

La parabole du semeur et son explication ; le pourquoi du parler en paraboles.

 

Deux versets du prophète Isaïe suffisent à interroger notre confiance en la Parole de Dieu. Isaïe écrit pour redonner espérance à un peuple désillusionné par l’Exil, et la seule comparaison qu’il trouve est celle de l’eau qui tombe en pluie et arrose, d’époque en époque la terre. D’année en année le cycle de la verdure et de la récolte reprend son rythme. Au temps de Jésus une liturgie de l’eau de Siloé, versée sur l’autel du Temple était accompagnée de supplications pour que le Seigneur abreuve sa terre.

 

Avec l’Evangile nous sommes invités à comparer la Parole de Jésus à la graine qui tombe et pousse et porte du fruit. Elle tombe pourtant un peu n’importe où… et pourtant il y aura de la récolte. Les disciples s’étonnent que Jésus parle ainsi en parabole. Sans doute est-ce pour Jéus une manière de faire pour que l’image s’enracine en notre esprit et en notre cœur.

 

Au début de cet été nous avons peut-être parcouru la campagne et avons pu apercevoir le début des récoltes. Peut-être même avons-nous imaginé quelques instants le travail qui a été produit depuis des mois pour que vienne dette récolte. Nous avons pu penser aux prédateurs ou aux météos moins propices Et pourtant ils sont là pour la récolte. Comme il y a deux mille ans, notre imaginaire fonctionne sur la même parabole. Une seule chose manque : c’est l’adaptation de la parabole à notre condition. Sommes-nous actifs à notre tour, et emplis d’espérance pour que vienne cette moisson ?

 

L’explication que rapporte Matthieu peut sembler moralisante, sans doute est-ce un ajout de l'Eglise primitive, bien plus qu'une interprétation rapportée par Matthieu. Pour Marc c’est l’Eglise dans son ensemble qui fait pousser la Parole du Seigneur. Ici, en Matthieu nous avons l’impression que c’est devenu une attitude personnelle à entretenir ou à redresser. Cela mérite réflexion. Chacun des évangélistes apporte sa touche explicative.

 

Que notre méditation n’oublie pas de regarder le geste du semeur… à chaque poignée, de nouvelles graines, mais aussi des terrains de réception fort divers. Pourtant le semeur continue son geste jusqu’à ce que la terre entière ait été ensemencée. Saurons-nous participer à cet ensemencement à la suite et avec le Seigneur Jésus ? Saurons-nous continuer à semer, même si, ici et là, la récolte ne correspond as à ce qui avait été espéré.

 

Puisse la méditation ci-dessous accompagner notre réflexion.

“Je vois Jésus semer depuis des siècles… J

e le vois aujourd’hui encore, jetant le grain qui tombe

tantôt parmi les épines, tantôt le long de la route,

tantôt dans un endroit pierreux, tantôt dans la bonne terre.

Jésus sème à tout vent.

Il sème parmi les ruines. Il sème parmi les massacres.

Il ne cessera de semer jusqu’à la fin du monde.

Je puis amasser – ou je puis semer. Amasser en avare ou semer avec Jésus.

Seigneur, tout ce que j’amasse sans toi est inutile.

Tout ce que je sème sans toi se disperse, demeure infructueux.

Tu veux vraiment te joindre à moi, semer avec moi ?

Commence par sortir de ta maison,

par t’exposer aux intempéries et à l’insécurité du dehors.

Mais sortir de ta maison n’est pas assez.

Sors de toi-même.

(Un moine d’Orient P.Lev.Gillet) Jésus, simples regards sur le sauveur.

E.H.