Entre semailles et fin des temps
17ème dimanche ordinaire
1 Rois, 3, 5-12 ; Romains 8, 28-30 ; Matthieu 13, 44-52
Entre semailles et fin des temps.
Nous voici à la fin de la série des paraboles selon Matthieu. La première annonçait la semence semée en toute terre, puis l’ivraie dans le champ, la graine de moutarde, le levain dans la pâte, puis deux toutes petites, loues aujourd’hui évoquant le trésor et la perle découverts un peu par hasard, enfin, la dernière des paraboles évoque le filet qui ramène la pèche ; on fait le tri (plus exactement les anges feront le tri). Ces enseignements de Jésus se retrouvent aussi, d’une manière ou d’une autre, dans les autres évangiles.
La manière dont Matthieu les rapporte fait penser à un appel à porter du fruit, avec la certitude que ‘ça poussera, grandira’. On peut donc les lire comme des paraboles de la croissance, de l’espérance. Mais la première et la dernière peuvent orienter notre méditation de ce jour sur l’évocation de l’histoire de la mission entre le premier jour et la fin des temps. Nous avons davantage l’habitude de lire de manière individualisante : moi, là-dedans, à quoi suis-je appelé ? En en faisant une lecture d’ensemble, apparaît une présentation de l’histoire de l’évangélisation, du premier jour où le Christ sème la Parole, jusqu’au dernier jour, où tout est terminé. On fait alors le tri de ce qui est dans le filet.
La difficulté de faire la distinction entre le bon grain et l’ivraie nous est fournie ces temps-ci avec la guerre en Ukraine : au milieu des informations et contre-informations, comment nous est-il possible d faire le tri entre les bons et les méchants. De même entre Israël et Gaza : au milieu des informations et contre-informations qu’est-ce qui nous permet de faire le tri entre le bon et le mauvais… Ce n’est pas à vous de faire ce tri semble répondre Jésus au motif que nous risquons d’atteindre le bon en même temps que le mauvais. Faut-il donc ne rien faire ? Ce n’est pas ce que dit la succession des paraboles : plusieurs personnages sont montrés en exemple. La graine de moutarde évoque une action toute petite qui devient force et soutien à quantité de personnes en attente d’abri. (Cela arrive quand se mettent en place des réseaux de soutien pour réfugiés Roms ou sans papiers ; quand un collectif se met en place un réseau d’alphabétisation ou de soutien scolaire, ou pour venir en aide à des groupes en Egypte, au Burkina Faso, en Inde et ailleurs : une petite opération au départ, qui devient aide pour beaucoup. Ou encore le soutien à des malades...
Autre parabole la ménagère qui met du levain dans la pâte. Permettez-moi cette extrapolation : ne rien faire ou mettre la main à la pâte ? Un peu plus surprenant cette histoire de trésor ou de perle. Je ne peux m’empêcher de penser à ces personnes qui découvre un jour la Parole de l’Evangile, bien longtemps après l’avoir reçu… où même qui la découvre pour la première fois : des catéchumènes par exemple, ou à l’occasion de son mariage ou du baptême de son enfant.. ; ou encore Claudel qui redécouvre la foi une nuit de Noël etc. Cette parabole me fait penser à celles et ceux qui changent leur vie quand ils découvrent la parole de l’évangile comme une perle, un trésor. On pourrait s’arrêter et chercher à quelques-uns à quels éléments de la vie de l’Eglise et du monde ces paraboles peuvent nous faire penser.
Avec la pêche à la fin des temps, Matthieu quitte l’image du semeur. Il avait évoqué la récolte et les moissons où les anges feraient le tri. Ici c’est l’image du filet qui est utilisée, image que l’on retrouve aussi à la fin de saint Jean pour évoquer l’Eglise : un filet dont les mailles ne rompent pas. Il est vrai qu’au temps de St Jean comme aujourd’hui, il existe bien des tiraillements dans l’Eglise. Nous sommes appelés à semer avec le Christ, à faire fructifier là où nous sommes. Il y a beaucoup à faire pour que la moisson pousse, que le filet se remplisse. A nous d’apporter notre part, comme le levain dans la pâte, à nous de faire briller la joie de l’Evangile comme un trésor. Avez-vous compris, demad Jésus... non pas ce qui se passe à la fin des temps, mais ce qu'on fait avant, comme le maître de maison! EH