Micro-trottoir sur l'identité de Jésus

21ème dimanche ordinaire

 

Dimanche dernier, nous avions le récit d’une rencontre, en territoire cananéen avec une étrangère qui demandait de pouvoir, comme les petits chiens, bénéficier des miettes tombées de la table. Ce dimanche, le récit se situe encore dans cette région au nord de la Galilée. Il s’agit d’un entretien de Jésus avec ses disciples : “D’après les gens, qui est le Fils de l’Homme ?” Les disciples répondent : pour les uns, pour les autres…, quand Jésus devient plus précis : “Et vous, que dites-vous ?” Nous connaissons la réponse de Pierre et le dialogue qui s’ensuit avec Jésus. Ces quelques mots ont été fort utilisés par les théologiens pour justifier la primauté de Pierre. Quelle était l’intention de Jésus, quelle était l’intention du rédacteur de ce paragraphe de Matthieu ?

 

L’attitude des chrétiens à privilégier tel pape plutôt que tel autre tendrait à démontrer que la réflexion sur le sens de l’Eglise tend à se déformer. Quand saint Jean reprend la réflexion sur Pierre cinquante ans plus tard (Jean 21), il évoque des apôtres qui reviennent de la pêche les mains vides, puis un second coup de filet tellement surabondant que le filet risque de se rompre, mais il ne rompt pas… évocation de l’unité et non de la division de l’Eglise.

 

Cette unité n’est pas de la seule force de Pierre, mais de la volonté commune de suivre le Christ. Il faudrait aussi faire résonner cette parole de Paul aux chrétiens qui disent leur préférence pour l’un ou l’autre : moi j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Pierre (1 Co 1, 10-13) ; c à quoi ces chrétiens s’entendent répondre : “et moi j’appartiens à Christ ! N’est-ce pas Christ qui est mort pour nous et a été ressuscité par Dieu ? Notre fierté chrétienne, hier comme aujourd’hui, c’est que le Verbe de Dieu soit venu chez nous, pour nous, qu’il nous ait donné la grâce de devenir enfants de Dieu (Jean 1). Le texte de l’Evangile nous interroge sur l’identité de Jésus, celui dont nous sommes appelés à devenir témoins.

 

Nous pouvons faire diversion sur telle ou telle manière de faire Eglise, nous pouvons faire diversion sur telle ou telle définition de la foi catholique telle que l’enseignent les différents catéchismes, mais nous ne pouvons pas nier que le Christ a été envoyé chez nous, pour nous afin de faire de chacun des enfants de Dieu. Les apôtres seront "remis à leur place" par le Christ quand ils se disputeront sur qui est le premier… ou quand ils oublieront d’accueillir les petits, ou quand ils n’auront pas vu telle veuve mettre une piécette dans le tronc… La question n’est as de savoir de Pierre, Paul ou Jacques qui a le mieux manié l’encensoir, mais qui s’est fait le serviteur du frère dans le besoin à la suite de Jésus venu pour être servi et non pour servir.

 

L’Evangile de ce dimanche peut être reçu comme invitation à redire notre foi en Christ, Messie, envoyé de Dieu avec le souhait que nous ne devenions un seul corps, un seul esprit, que nous ne fassions qu’un en Lui, par Lui, en marchant avec Lui, après Lui sur les chemins des hommes. EH.