Avec quel oeil considérons-nous notre prochain?
25ème dimanche ordinaire
Isaïe 55, 5-9 ; Philippiens 1, 20-27 ; Matthieu 20, 1-16
La première lecture évoquerait-elle une partie de cache-cache entre Dieu et nous ? On pourrait le penser quand Isaïe écrit : "cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver !" La partie de cache-cache avait commencé avec Adam et Eve, quand ils s’étaient cachés devant le Seigneur. Ce petit jeu continue avec Caïn quand Dieu lui demande “ou est ton frère Abel ? ce à quoi il avait répondu :“Suis-je le gardien de ton frère ?”…
On pourrait ainsi continuer à rechercher ces paries de cache-cache dans la Bible, ce petit jeu que nous évoquerons encore au temps de l’avent quand nous chanterons "montre-nous ton visage, déchire les nuées et fais voir ta face…" Isaïe en son temps rappelait, comme d’autres prophètes, que c’est Dieu qui est à la recherche de l’homme… et qu’il existe des temps plus favorables dont il faut savoir profiter. Quelle image de Dieu avons-nous ? Saint Jean, à sa manière souvent alambiquée affirmera qu’il apporte la lumière, qu’il est lui-même lumière sur notre route… Alors, acceptons de marcher la suite du Seigneur Jésus tant qu’il fait encore jour et qu'il nous apporte sa lumière !
Quant à saint Paul, il fait comprendre aux Philippiens son dilemme : je voudrais tant être avec le Seigneur, mais en même temps, il est tellement important de rester avec vous, parce que j’ai encore à faire avec vous… Sa conclusion : à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire.
Enfin l’Evangile, qualifié d’Evangile des “ouvriers de la dernière heure”, est-ce encore un jeu ? On n’y est pas récompensé selon ses mérites… mais chacun est traité de la même manière que son prochain. On a envie de répondre au maitre de la vigne : ce n’est pas du jeu ! De fait cet évangile dénonce l’aptitude de notre œil à dénoncer ce qui ne semble pas juste, mais notre œil a beaucoup de mal à devenir favorable envers le dernier de la société. Peut-être le dernier roman à la mode sur le paradis pourrait-il nous aider à changer de regard : l’ordinateur du paradis. Avec beaucoup d’humour, son auteur, Benoît Duteurtre vient déminer les pièges de notre pensée.
L’évolution de notre société de consommation nous amène à tout prendre au sérieux, trop au sérieux… Or Jésus vient démonter nos constructions qui cloisonnent l’homme dans des cases, bonnes, moins bonnes ou mauvaises, au lieu de chercher à placer l’autre à notre égal et même un peu plus élevé. Le psaume 8 devrait être notre référence, psaume qui s’adresse à Dieu en ces termes : qu’est-ce que l’homme que tu te soucies de lui ? Tu l’a placé au-dessus de l’œuvre de tes mains, le couronnant de gloire et de splendeur.” Alors chacun peut aussi se demander s’il lui arrive, comme Dieu de placer son prochain au-dessus de lui-même ! C’est ainsi que fait le bon samaritain qui place l’homme blessé sur sa monture, tandis que lui-même marcherait à pied, à côté. La société irait beaucoup mieux si l’on agissait ainsi. Mais notre société est trop sérieuse pour jouer à ce jeu-là. C’est sans doute la raison pour laquelle nous passons à côté de l’essentiel. Laissez venir à moi les petits enfants disait Jésus. Jésus a aussi joué sur la place du marché… mais personne ne l’a pris au sérieux, on s’est moqué de lui et cela a duré jusque sur la croix. Avec quel œil regardons-nous celui qui s’est fait l’un de nous pour nous mener vers Dieu son Père et notre Père ? EH