La paille et la poutre

8ème dimanche ordinaire

Ben Sira le Sage 27, 4-7 ; 1 Corinthiens 15,54-58 ; Luc 6, 39-45

En donnant pour titre « La paille et la poutre » à ces quelques lignes de méditation, j’oriente la réflexion vers les souvenirs que nous avons de cet épisode de l’Evangile. On retiendra surtout l’habitude que nous avons d’être plus rigoriste quand on parle du voisin que quand il s’agit de soi-même. Ceci n’est pas faux mais risque d’orienter notre réflexion sur une réflexion morale. L’Evangile est-il un cours de morale ? Certes, il faut savoir agir en toute chose avec sagesse ? Cependant, avons-nous choisi Jésus comme maître de sagesse ou plutôt comme chemin vers le Père ? Avec Jésus, nous pouvons constater que nous sommes indulgents envers nous-mêmes et exigeants envers les autres, or l’attente de Jésus est de faire naître et grandir notre communion avec Dieu, notre Père et avec nos frères.

 

La vie de Jésus avec ses disciples est celle d’une communauté, une communauté qui grandira aux dimensions du monde. La sagesse héritée des Ecritures fait partie du support de la vie communautaire, mais elle n’en est pas le tout. Voir la paille, voir la poutre, ce sont des images fort utiles pour notre compréhension du vivre ensemble.

 

Les évènements actuels en France, avec les gilets jaunes, ou la fermeture d’entreprises, aussi bien Ascoval à Saint-Saulve que Ford à Bordeaux, les débats à Rome autour du pape à propos de la pédophilie sont à relire aussi dans ce cadre de lecture : où est la vie communautaire ? N’y a-t-il pas eu transformation dans les rapports humains ? Il n’y a aucune place à la communion entre frère. En ce sens le libéralisme est devenu signe du refus de la fraternité. Dans un monde mondialisé, les maximes de sagesses pourraient orienter les choix de vie ; cependant le chemin de Jésus suppose un état d’esprit où chacun se reconnait membre de la même famille, à cause de celui qui est à l’origine, le Père ; à cause d’un autre regard apporté par Jésus : il n’est ni donneur d’ordre, ni fournisseur de préceptes moraux, il est venu proposer de développer des relations fraternelles entre nous.

 

L’apôtre Paul évoque les forces de mort qui environnent notre univers. Pourtant nous pouvons espérer être vainqueurs des forces du mal. Il le signifie dans sa lettre aux Galates en nous invitant à porter le fardeau les uns des autres. Le défi à la mort, c’est bien la charité entre humains destinés à avoir part à la vie de Dieu. E.H.