A toutes les nations

3ème dimanche de Pâques

Actes 3, 13-19 ; 1 Jean 2, 1-5 ; Luc 24, 35-48

La paix soit avec vous

 

Le discours de Pierre à Jérusalem ne manque pas de culot. Nous pouvons trouver surprenant que Pierre attaque aussi clairement les Juifs présents au moment de la guérison d’un impotent, à propos de la demande de mort formulée à l’encontre de Jésus : “Ce Jésus, vous l’avez renié devant Pilate, alors qu’il était décidé à le relâcher”. Nous savons que ce texte, c’est un discours reconstruit par Luc bien après les évènements. La parole de Pierre est une invitation à se convertir et à croire.

 

Dans ces quelques lignes, nous avons les paroles du kérygme initial : “Ce Jésus, que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins”. Ces quelques mots sont le cœur la foi, hier et aujourd’hui. Dans l’Evangile selon Luc nous trouvons des paroles ultra réalistes : le toucher, le corps, les mains, les pieds, les plaies. C’est le moment du retour à Jérusalem des disciples d’Emmaüs. Constatons d’abord que la foi des disciples s’enracine dans les Ecritures. Ce récit rappellent que la reconnaissance de Jésus s’est faite au cours d’un repas, comme celui du jeudi-saint. C’est encore ainsi aujourd’hui que les disciples reconnaissent la présence du Seigneur.

 

La rencontre des disciples avec Jésus “corporel” peut inspirer notre méditation sur la place du corps dans notre spiritualité. Si la Bible évoque Dieu qui façonne le corps à l’origine, c’est pour entendre ensuite : “et Dieu vit que cela était bon”, c’est-à-dire corps et âme. Certains croyants ont oublié cette affirmation associée au soin que Dieu prend à la création de l’homme et de la femme. Que ce soit aujourd’hui encore l’occasion d’une action de grâce pour l’œuvre de Dieu. Il était important pour saint Pierre de parler de résurrection « avec son corps » et pas seulement spirituelle. Pour les croyants en Christ c’est bien corps et âme que nous sommes sauvés pas Jésus. On retrouve l’expression dans quelques lettres, de Paul, Jacques et Jean.

 

La lettre de Jean, ce dimanche, évoque aussi à sa manière le pardon des péchés : ce n’est pas une affaire personnelle, c’est le pardon des péchés “du monde entier”. Lorsque nous disons que le Christ est venu pour tous, c’est bien parce que nous croyons que le monde entier est sauvé par Jésus. Par lui le monde entier est réconcilié avec Dieu Père. Dieu aime ce monde, telle est aussi notre foi. C’était aussi écrit dans l’évangile selon Luc : “Pour le pardon des péchés à toutes les nations. Notre foi chrétienne est donc universaliste et non une fois réservée à quelques-uns”. C’est pour tous que le Christ est venu, qu’il est mort, qu’il est ressuscité. Emile Hennart.