Partage ton pain avec celui qui a faim.

5ème dimanche du temps ordinaire

Isaïe 58, 7-10 ; 1 Corinthiens 2 1-5 ; Matthieu 5, 13-16.

Partage ton pain avec celui qui a faim.

 

Avec l’évangile de ce dimanche nous sommes encore dans le préambule de ce qu’on appelle le sermon sur la montagne. En disant aux disciples “Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde”, nous avons sous forme allégorique l’essentiel de la mission du disciple. Ces paroles ont été longtemps reprises lors du baptême. Donner goût à la vie, devenir lumière pour le prochain sont de belles images, laissant chacun libre de trouver le meilleur moyen d’honorer l’appel, de mettre en œuvre notre vocation.

 

En écho à cette vocation, le liturge de service a choisi un texte d’Isaïe où le serviteur est appelé à accueillir le pauvre, à faire disparaitre ce qui pèse sur la tête du prochain. Rien de bien extraordinaire à cette demande, 500 ans avant Jésus-Christ, mais que, aujourd’hui, on soit encore autant éloigné d’un possible progrès devrait interroger. Les spécialistes de l’économie montrent le nouvel étalage qui manifeste l’éloignement de ceux d’en haut de ceux du dessous.

 

Depuis les années 80 un modèle économique n’a fait qu’amplifier les écarts. Quoi qu’on dise, ces écarts s’amplifient et il n’est pas normal que les chrétiens et leurs évêques ne semblent plus trop s’intéresser à ces inégalités criantes. Certes ils sont encore nombreux à soutenir l’assistance aux pauvres, chômeurs, sans toit, hères abandonnés sur les trottoirs. Tiers-monde, quart-monde : il n’y a plus de mots justes pour évoqués ces personnes. On les appellera réfugiés économiques et réfugiés climatiques… pendant ce temps-là, nous comptons les points, en Amérique, en France comme on l’a fait pour les grands bretons.

 

Cela fait plus de 2500 ans que la parole retentit dans les sphères hébraïques, puis chrétiennes. Il y a eu des sursauts au fil des siècles. Il y eut François d’Assise, Vincent de Paul, il y eut les chrétiens sociaux. Tous ont disparu, beaucoup ont baissé les bras. Que faire ? Un exemple nous est proposé dans la lettre aux Corinthiens. Pourtant il n’y a là rien à voir avec la lutte contre la pauvreté. Paul y exprime son attitude de baroudeurs, de persévérant pour la cause de l’Evangile, alors qu’il vient de subir l’indifférence des athéniens (cf. discours à Athènes, en Actes 17-18). La déception, voire l’échec à Athènes l’a amené à donner priorité à l’annonce, là où cela fut contesté : la mort résurrection de Jésus.

 

A nous aujourd’hui de persévérer là où ça bloque. Comme le demandait déjà Isaïe ? Mais aussi Amos ou Osée avant lui : Si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres.

Abbé Emile Hennart