Philippe évangélise en Samarie

Sixième dimanche de Pâques

Actes 8, 5-8 et 14-17. 1 Pierre 3, 15-18 ; Jean 14, 15-21

 

Alors que les chrétiens restent encore confinés chez eux le dimanche, la première lecture de ce jour évoque la première mission hors de Jérusalem. C’est Philippe, un chrétien d’origine grecque, dont la mission était le service des repas pour les veuves qui annonce Jésus Christ, d’abord en Samarie puis sur la route de Gaza. Sans doute y a-t-il quelque anomalie de voir annonce la Bonne Nouvelle par d’autres que les Douze. Pourtant ils se considéraient comme chargés de la Parole (Ac 6,2). Il en sera souvent ainsi avec l’Esprit-saint qui œuvre avec des gens qui n’avaient pas reçu mission. Ainsi en sera-t-il bientôt avec Saul qu’Ananie va baptiser à Damas, malgré une réprobation quasi unanime. C’est tellement manifeste que Saul va cesser de vouloir rencontrer les différentes catégories de chrétiens (des chapelles, déjà !). Paul retourne chez sa mère à Tarse, en attendant des jours meilleurs (Ac.9,30).

 

Nous devons donc aujourd’hui comme hier nous demander “Qui pour annoncer l’Evangile ?”. Des gens bien expérimentés, ou des gens des périphéries ? En parcourant les Actes des apôtres, au fil du texte, nous découvrons que, ici et là, la Parole est proclamée. Il y a Aquila et Priscille, à Rome, dès l’année 41. On le verra à Chypre, à Antioche. Il est question de gens de Cyrène, passés par Antioche (Ac 11,20). Même à vol d’oiseau, il y a plus de 100 km ! Il y aura même Saul, un persécuteur de chrétiens (Ac 9). Il sera baptisé malgré les profondes réserves de nombreux chrétiens de Damas. Cette première lecture est donc un appel pour que nous trouvions des porteurs d’Evangile, en dehors de nos cercles habituels.

 

La deuxième lecture, tirée d’une lettre de Pierre insiste aussi sur la nécessaire mission de porter la Parole du Christ. A nous de faire en sorte que nos adversaires soient retournés, pris de honte pour avoir ignoré et détesté les chrétiens. Il n’est pas question de constituer des petits cercles d’initiés à l’abri de leurs chapelles, Il est nécessaire d’avancer au large, hors des sentiers battus.

 

La lecture de l’Evangile reprend encore le long dialogue de Jésus avec les disciples lors de la Cène. Il ne semble pas que les disciples aient mieux compris Jésus qu’n d’autres occasions. Les dernières lignes nous donnent une assurance : “celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui”. Cette dernière ligne nous fait découvrir qu’être avec Jésus, être avec son Père, c’est tout autre chose que comprendre Dieu et la foi chrétienne. C’est être avec Jésus, quoi qu’il arrive. C’est l’attitude de Pierre à la fin du récit de la multiplication des pains selon Jean 6,68 : “à qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie éternelle” ; expression confirmée au bord du lac : “Toi, suis-moi !”. Notre méditation aujourd’hui c’est d'abord autour de “Être avec Jésus”, plutôt que “J’ai tout compris”. Pour cela, nous avons l’Esprit-Paraclet qui nous accompagne.

Abbé Emile Hennart