Pour que le monde croie…
1er Mai, fête de Joseph artisan
En 1955, Pie XII instituait la fête de saint Joseph artisan et travailleur manuel, dont la célébration devait se faire le premier mai de chaque année. C’était une manière d’honorer le travail comme participation à l’œuvre créatrice de Dieu. A cette période charnière pour l'Église, bien avant Vatican II, de nombreuses voix s'élevaient dans l'Église pour que soient prises en compte par l'Église les réalités du monde du travail et la dignité des travailleurs. Ainsi, la théologie du travail avec B.Chenu; la création de l'ACO en 1950; les tensions avec les prêtres ouvriers, et leur interdiction en 1950, etc., sont là pour rappeler que les rapports de l'Église avec les travailleurs furent souvent conflictuels, et mériteraient d'être mieux étudiés. Dans les calendriers liturgiques, le nom de saint Joseph n'apparaît qu'au IXè siècle. Mais la dévotion s’est surtout développée aux XIVè et XVè siècles. Le charpentier de Nazareth travaillant pour subvenir aux besoins de Marie et de Jésus, initiant le Fils de Dieu aux travaux des hommes, est proposé comme le modèle et le protecteur des travailleurs chrétiens.
Au début de ce vingt et unième siècle, la dimension divine du travail n’est plus guère honorée. Tout au plus offre-t-on ce jour-là un brin de muguet. Pourtant l’actualité récente laisse entendre que d’aucuns se déchirent pour redonner à cette fête du premier mai ses lustres d’antan et sa dignité au travail et aux travailleurs. Y a-t-il place dans la revue diocésaine pour rappeler les origines du premier mai ?
La fête du travail apparait aux Etats-Unis en 1886, et devient fête des travailleurs en France en 1891, à la suite des grèves et des morts de Fourmies en 1891. Cette même année, le 15 mai, Léon XIII publiait l’encyclique Rerum novarum, où il dénonçait les abus du libéralisme et les injustices dont sont victimes les travailleurs. Jean XXIII publiait en mai 1963 l’encyclique Pacem in terris, où il reconnaissait comme signe des temps la promotion économique et sociale des travailleurs, la libération de la femme et la libération des peuples colonisés. Faut-il dire “c’était au siècle dernier” et se satisfaire devant les difficultés du monde actuel à proposer un avenir de paix, d’espérance, de fraternité ?
En rappelant l’importance de la diaconie dans l’Eglise, la Conférence des évêques de France essaie de maintenir ouverte la porte de l’Eglise, là où l’impression domine qu’elle se referme sur le culte et la relation avec le Ciel, oubliant la relation au frère. En sollicitant les baptisés annoncer le Christ à frais nouveaux, en les invitant à se conformer au Christ, les chrétiens sont appelés à continuer l’œuvre du serviteur qui accueillait les petits, les exclus et les étrangers, au grand dam des autorités religieuses de son temps : “je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir et donner ma vie pour la multitude”.
Des témoignages continuent à parvenir qui manifestent le souci des communautés chrétiennes à s’investir pour aider les frères : Diaconia 2013. D’autres pages de la revue signalent l’effort d’éducation et de formation auprès des jeunes, par exemple : “Face à la crise, penser, agir, vivre autrement”. Ce sont autant de manières de répondre, en paroles et en actes à la question : “quel est le plus grand commandement ?” L’ouverture prochaine de l’année de la foi sera également une occasion propice pour comprendre les textes laissés en héritage par les Pères conciliaires : “La foi opérant par la charité devient un nouveau critère d'intelligence et d'action qui change toute la vie de l'homme". Porta fidei de Benoit XVI
Abbé Emile Hennart