Publicains et prostituées vous devanceront au Royaume

26ème dimanche ordinaire

Ezéchiel 18, 25-28 ; Philippiens 2, 1-11 ; Matthieu 21, 28-32 

                

En abordant l’Evangile de ce dimanche nous pouvons percevoir une certaine polémique sous-entendue dans le texte : les deux fils, celui qui dit non et exécute la commande, celui qui dit oui et ne fait rien. Comment ne pas penser à Israël choyé de Dieu mais qui refuse l’appel lancé par Jean-Baptiste d’abord, par Jésus ensuite. Même démarche dimanche prochain à propos de la vigne, du vigneron et des serviteurs envoyés qui seront massacrés, ou encore le repas de noces que les invités vont dédaigner.

Si on lisait en continu ces derniers chapitres de Matthieu avant le récit de la passion, on se rendrait compte plus aisément du conflit dans lequel Jésus se trouve confronté… et même le rejet de ces fils d’Israël qui n’ont pas voulu entendre Jésus, au point que le ch. 23 apparaitra comme le sommet de l’antijudaïsme. Cette fin d’évangile est le temps des reproches et des condamnations d’Israël, les officiels gardiens du Temple qui n’ont pas voulu entendre les appels à la conversion, à la miséricorde. On peut être plus précis : ce n’est pas tant l’ensemble du peuple qui est montré du doigt que les prêtres et anciens du peuple, ceux qui ont autorité au temps de Jésus.

 

L’évangéliste Matthieu adressait son Evangile principalement au monde des Juifs, Juifs convertis et devenus chrétiens, mais aussi des Juifs irréductibles. La progression de son texte fait apparaitre le conflit de plus en plus évident entre Jésus et les Juifs (ou plutôt les autorités) de son temps. La rédaction s’est faite une quarantaine d’année après les évènements et porte les traces d’une relecture qui a éclairé et durci les oppositions.  C’est aussi un texte écrit peu après la destruction de Jérusalem par les romains. Lorsque nous lisons aujourd’hui, nous oublions les circonstances particulières pour retenir de ce récit une allégorie plus ou moins moralisatrice. Sur la manière de gérer sa vie au regard des attentes de Dieu.

 

Retenons aussi de ces lectures l’aspect déconcertant, l’itinéraire tordu des vies, de nos vies : le oui et le non etc. Retenons enfin les dernières paroles de Jésus où l’on dépasse les questions de morale : les publicains et les prostitués vous précèdent au Royaume de Dieu. Il n’est plus question d’être meilleur que… mais tout simplement d’être accueilli par le Père. Finalement l’accueil auprès de Dieu, ce n’est pas en vertu de nos mérites.

 

Tout comme les publicains et prostitués, nous ne méritons rien. Tout est don de la part de Dieu. Le pourquoi nous est donné dans la seconde lecture, le très bel hymne au Christ dans la lettre aux Philippiens. C’est à cause de Jésus que nous pouvons nous tourner en toute confiance vers Dieu. Certes, il serait préférable d’avoir les mêmes sentiments de douceur, d’humilité que Jésus… C’est d’ailleurs le but de cette lettre aux Philippiens qui n’est pas agressive contre les destinataires, mais qui invite le Philippiens à enrichir leur vie à l’image de celle de Jésus. Prenons-en de la graine. EH