Que devons-nous faire ?

3ème dimanche de l'avent

Sophonie 3, 14-18 ; Philippiens 4, 4-7 ; Luc 3, 10-18.

Que devons-nous faire ? Cette question adressée à Jean-Baptiste par le commun du peuple mérite de nous arrêter aujourd’hui. Les petites gens qui fréquentent les bords du Jourdain savaient que ce n’est pas auprès des professionnels du Temple qu’ils obtiendront la réponse. Ils savent bien que ces gens d’en-haut, depuis longtemps ont condamné le petit peuple à n’être qu’un peuple de pécheur, qui ne peut pas être aimé de Dieu. Sont-ils à ce point indignes d’entendre une parole qui les rapprocherait -un peu- de Dieu ? Pourtant ce petit peuple est en attente de quelque chose, de quelqu’un qui leur apporterait un peu d’espérance, un peu de confiance en Dieu. C’est bien ce style de parole qu’a cherché à produire le pape François quand il invite les pasteurs à rejoindre le troupeau des éloignés de nos temples. Il faudrait relire sa première exhortation apostolique : la joie de l’Evangile : “J’invite chaque chrétien à renouveler sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ ou, au moins, de se laisser rencontrer par lui…”

 

Aujourd’hui, il revient aux baptisés du XXIème siècle d’avoir un contact et une parole qui donnent au tout venant le désir de se laisser rencontrer par Jésus-Christ. Il me revient une intuition reçue lors d’un précédent pèlerinage en terre sainte. C’était au bord du Jourdain et nous allions partir vers Capharnaüm et Nazareth. La méditation sur ce moment où le Christ choisit son chemin. Alors plutôt que de rester auprès de Jean-Baptiste à l’écouter et même à baptiser les pèlerins qui montent à Jérusalem, Jésus repart vers Capharnaüm, vers Nazareth. Jean attendait "la clientèle des pèlerins" qui s’arrêtaient pour se faire baptiser, signe de leur bonne foi… Jésus, lui, va à la rencontre des gens, sur leur propre terrain, dans leurs villes et  villages.

 

Sa rencontre à la synagogue de Nazareth est appréciée au début, mais ensuite, les gens ne le supportent plus. Ils attendaient sans doute des paroles doucereuses mais Jésus commence à leur remonter les bretelles et les gens veulent l’expulser. Ce sera la même chose à Capharnaüm où ils l’abandonnent l’un après l’autre ; “ce message est trop dur” disent-ils.

 

Pourtant le message de Jean-Baptiste était dur, lui aussi, qui annonçait que la cognée était à la racine de l’arbre, prête à couper cet arbre peu productif. Dans ma méditation, je voyais le Christ choisir “d’aller vers” et non d’attendre, je voyais encore ce lépreux qui s’approche de Jésus sans être repoussé, ou la belle-mère de Pierre être guérie… etc. Les paroles de Jésus et ses attitudes où il ne repousse personne disaient quelque chose de ce que pouvait être la tendresse de Dieu. Si jésus semble être repoussé dans les synagogues, il faut au contraire repérer les multiples occasions de rencontres au bors de la route et dans les lieux divers où il parle et explique... mais pas dans les synagogues.

 

N’est-ce pas quelque chose de ce genre que nous devons faire et proclamer, tout comme dans la première lecture : “Le Seigneur est en toi”. On peut aussi entendre la lettre de Paul aux Philippiens : “Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes”. Ne peut-on en espérer autant de la part de ces gardiens du Temple, eux qu’on désigne sous le titre de "curie" et qui n’ont de cesse de contredire le pape, tout comme le firent leurs prédécesseurs ont contredit Jean XXIII ou Paul VI ! C'est dans le quotidien, au fil de nos rencontres que peut surgir une parole qui fasse vivre.

 

Nous avons donc à prier pour devenir ces hommes d’ouverture qui donnent au monde d’aujourd’hui d’entendre la Bonne nouvelle de Dieu qui vient chez nous pour relever ce qui est humilié, qui vient proposer un itinéraire nouveau. E.H.