Que fêtons-nous à Noël ?

Messe de la nuit : Isaïe 9, 1-6 ; Tite 2, 11-14 ; Luc 2, 1-14.

Au cours de l’histoire, la fête de la naissance de Jésus a été fixée au 25 décembre. Il y a eu une volonté de supplanter la fête païenne du solstice d’hiver, d’y associer la fête de la Lumière, Jésus considéré comme Lumière du monde.

On peut aussi dire que Noël, c’est Jésus qui vient chez nous. En langage théologique on dira que Noël c’est l’incarnation de Jésus, comme le dit saint Jean : “Et le Verbe s’est fait chair”. Dieu venu en notre chair, c’est aussi affirmé que Dieu, en Jésus, s’est impliqué dans notre humanité, pour notre humanité. Que Jésus se soit impliqué pour nous, c’est ainsi que nous pouvons lire les Evangiles. Si Jésus est discret dans la rencontre avec Jean Baptiste au bord du Jourdain, puis avec les premiers disciples, on peut aisément constater que la rencontre avec des malades, des gens “en attente” fut l’occasion de leur apporter un surplus de vie.

Ce que Jésus a fait, c’était de donner la vie, la vie en abondance. Que ce soit envers le serviteur du centurion, ou la veuve de Naïm et son fils, ou cette femme dans la foule qui veut toucher son vêtement. Si nous affirmons que Jésus est fils de Dieu, envoyé pour nous, nous reconnaissons qu’il veut que nous ayons en nous la vie de Dieu en nous. C’est ainsi qu’il s’est impliqué pour que nous ayons la vie en plénitude. En même temps il est proche des gens, en même temps il est proche de son Père. Les évangiles le montrent en prière, à l’écart au point que les disciples le cherchent.

Il faudrait aussi rappeler le temps à Jérusalem au milieu des savants dans le Temple : Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon père ! Jésus est à la fois auprès de son Père et auprès des gens. Lorsqu’il redescend du mont Thabor, il se trouve avec des gens que le sollicitent. Fêter Noël c’est fête Jésus qui vient au milieu de nous. Que sont devenus ces gens rencontrés occasionnellement ? On n’en sait rien. Jésus passait par là. A la sortie de Jéricho il se fait interpeller par un aveugle au bord du chemin. C’est le seul dont l’évangile précise qu’ensuite il le suivait sur le chemin, le chemin vers la croix…

Dire que Jésus s’est impliqué dans notre histoire humaine c’est une manière de dire qu’il est venu chez nous, pour nous. Ce temps de Noël est aussi le moment de vérifier comment nous-mêmes, nous sommes impliqués pour que Jésus soit connu et reconnus. C’est important de poser ainsi la question, au moment où la société fait tout pour effacer, éliminer les traces de Jésus dans l’histoire humaine. Que reste-t-il de Jésus dans les fêtes des villes : un sapin, des magasins de vente, des objets de consommation. Ici ou là, peut-être trouvera-t-on un santon ! Même eux ne font plus partie de la tradition ou si peu! Que fête-t-on à Noël ?

Voici Jésus, Marie et Joseph, seuls à Bethléem. C’est eux les premiers chrétiens du Proche ou Moyen-Orient. Croyez vous que les premiers visiteurs de l’année 2021, des présidents de partis politiques aient pensé à eux ? Non, car ils sont trop occupés à voir combien de voix électorales pourraient leur rapporter leurs déplacements en Arménie. En lisant La Croix du 23 décembre, on peut être mieux informés des motivations de leurs déplacements… Cela ne m’empêche pas de vous souhaiter un joyeux Noël. Abbé Emile Hennart.