Que sera donc cet enfant ?

Fête de Saint Jean-Baptiste

Isaïe 49, 1-6 ; Actes 13, 22-26 ; Luc 1, 57.66-80

 

D’une manière particulière la fête de saint Jean-Baptiste prime sur la célébration d’un dimanche ordinaire. Jean tient une place très importante dans les évangiles. Appelé précurseur, il est en quelque sorte celui qui court en avant de Jésus. Son enseignement précède celui de Jésus. Jean comme Jésus apporte quelque chose de neuf par rapport au Temple et à la religion juive installée depuis 400 ans à Jérusalem. Les prêtres en avaient pris possession et installé des pratiques rituelles autour du culte, oubliant que le Seigneur préfère le droit et la justice, l’attention aux pauvres et aux petits. C’est ainsi que les prêtres de Jérusalem avaient installé leurs copains pour s’occuper des ventes en vue des sacrifices, ceux que Jésus chassera hors du Temple. On comprend mieux que Jean-Baptiste n'ait pas choisi, comme son père, de passer sa vie dans le Temple.

 

Parmi les habitudes d’enseignement de Jean et Jésus, il faut remarquer que l’un comme l’autre prêchent en plein air, c’est-à-dire en rase campagne, sur les routes et au bord du lac. On n’enferme pas la Parole de Dieu dans les enclos sacrés! Il est intéressant de repérer dans l’Evangile de Marc comment l’un et l’autre ont un langage semblable dans leur prédication : Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Cette Bonne nouvelle c’est que le Royaume de Dieu se fait tout proche, que Dieu se rend proche des gens et qu’il accorde son pardon. Cela deviendra une caractéristique de Jésus associée aux miracles. On peut regretter qu'à certaines périodes de l'Eglise de grands et petits prédicateurs aient préché un Dieu éloigné du monde des humains. Dommage!

 

Pour interpréter les phénomènes associés à la naissance de Jean, il importe de connaître les pratiques des hagiographes. Pour annonce la naissance d’un homme hors du commun, il fallait que soient associés des phénomènes extraordinaires, au point qu’on dira “Que sera donc cet enfant” ? C'était la manière de rédiger de l'époque. C'est un langage, un style.

 

Que retenir de la période où Jean baptiste commencera sa prédication : le peuple était dans l’attente ! C’est donc au cours d’une période favorable que se présentent les prédications de Jésus et de Jean. Le Benedictus (Luc 1,68) est une manière de rendre grâce à Dieu qui manifeste sa miséricorde en visitant son peuple.

 

Le nom de Jean signifie Dieu sauve… personne dans la famille ne porte ce nom. Aussi il devient significatif que ce nom corresponde à la nouvelle ère qui commence au bord du Jourdain. Quand les évangiles auront été écrit on parlera de Nouveau Testament. C’est en quelque sorte le début d’une nouvelle alliance. Ni Jean, ni Jésus ne seront des solitaires, au contraire, ils seront entourés de foules et ces foules seront plein d’admiration. Le merveilleux qui entoure la naissance de Jean ne doit pas nous étonner ni nous inciter à en faire l’impasse. C’est de cette manière que l’Evangéliste invite ses lecteurs à prendre le temps de s’intéresser à la vie et à l’enseignement de Jean-Baptiste… puis de Jésus. La manière dont ces débuts sont racontés ne doit pas nous faire perdre de vue le contenu que l’évangéliste veut rapporter : quelque chose d’inouï est en train de se produire ; l’irruption de la Parole de Dieu dans le monde survient. Heureux ceux qui prennent le temps de l’entendre et de marcher à sa lumière.

 

On pourrait imaginer quelques instants ce que pourrait dire Jean, s'il revenait: le partage des richesses: celui qui a deux vêtements... ou l'accueil de l'autre, ou la conviction que Dieu n'est pas loin d'eux. Imafinons un nstant qu'une barque chargée de migrants syriens traverse le Lac et accoste le rivage devant Jean-Baptiste. Que dirait-il aux foules? "Ce sont des étrangers, rejetez-le dans le lac et qu'ils se noient comme les cochons de Gérasa?"? N' inviterait-il pas plutôt à l'accueil et au partage de ces gens? Ce n'est pas pour rien qu'on parle de Galilée des Nations, Galilée où se côtoient des gens de multiples nationalité, des gens qui avaient le coeur plus large que sur le piton rocvheux de Jérusalem. Et le pape François à Emmanuel Macron, mardi prochain, pourrait-il rappeler autre chose que les lecons de caté dans sa jeunesse au collège des jésuites à Amiens et la vérité de l'Evangile préchée par Jean ou Jésus ?  EH