Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

5ème dimanche de carême

Jérémie 31, 31-34 ; Hébreux 5, 7-9 ; Jean 12, 20-33

Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

 

Le mot alliance revient à plusieurs reprises dans la première lecture, du prophète Jérémie. C’est de cette manière qu’est affirmée la relation entre Dieu et l’humanité. On trouve le mot alliance dès l’histoire de Noé. Ce n’est pas un contrat. C’est autre chose. C’est au moment où Noé fait entrer les animaux dans l’arche, au moment du déluge. Ainsi, le peuple de la Bible inscrit dès le début de son histoire la relation d’alliance entre Yahvé et lui. Ce n’est pas un contrat. Peut-être peut-on parler de contrat, quand le Lévitique reprend le texte de Dieu avec Moïse sous la forme d’un rituel : si…, mais si… On n’est plus dans la dimension relationnelle exprimée avec Noé : alliance ou contrat. Toutes les religions n’expriment pas en termes d’alliance leur relation à la divinité. Longtemps cette relation fut comprise en monde juif comme une manière de se situer à part des autres nations : Israël nation mise à part.

 

Puis, avec l’époque des grands prophètes vient la certitude que tous les peuples peuvent eux aussi entrer dans cette alliance. Lors du repas eucharistique institué par Jésus, nous retrouverons l’expression : “le sang de l’alliance nouvelle et éternelle…” Nous reprenons désormais cette expression à chaque eucharistie : le pain et le vin, signe de l’alliance, pour vous et pour la multitude.

 

En lisant l’évangile de ce dimanche, il est fait allusion à la présence de quelques grecs qui cherchent à rencontrer Jésus. C’est encore une nouveauté qui préfigure ce que sera le peuple agrégé au Christ, pas seulement des Juifs, mais des hommes et des femmes de tous pays. Il est vrai qu’au fil des siècles, ce n’est pas toujours ainsi que l’ont compris les chrétiens.

 

Avec ce 5ème dimanche de carême, nous sommes orientés vers Pâques, la mort et la résurrection du Christ. Dimanche prochain, ce sera déjà le dimanche des Rameaux. Quel genre de relation avec Jésus voulons-nous rappeler et renouveler ? “Je serai leur Dieu, ils seront mon peuple” était-il écrit dans la première lecture de Jérémie. L’évangile de Jean précise : “L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié” ; mais il est aussi écrit : Maintenant a lieu le jugement de ce monde. Le prince de ce monde va être jeté dehors.

 

L’observation des évènements actuels du monde  nous incite à douter de cette parole : La Syrie, l’Iran, la Birmanie, la pandémie : autant de tristes régions du monde où le prince de ce monde exerce son pouvoir. Pourtant c’est au cœur de ce monde que luttent des hommes et des femmes de bonne volonté, pour que vienne un monde tel que l’amour de Dieu souhaite le faire exister. Apprenons à voir les signes de ce monde qui vient. Apprenons à participer à la venue de ce monde. Ce peut être le soutien aux migrants ; ce peut être le soutien au CCFD ; ce peut être un geste de réconciliation ou de partage… ce peut être prendre le temps de s’arrêter un peu, dans une vie bousculée, dans une recherche pour donner un peu de sens dans notre propre existence.  Abbé Emile Hennart.