Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ?

5ème dimanche ordinaire

Isaïe 6, 2-8 ; Corinthiens 15, 1-11 ; Luc 5, 1-11

Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ?

Un point commun peut relier les trois lectures de ce dimanche : c’est le récit de vocation. Vocation d’Isaïe, vocation de Paul, appel des premiers disciples.

L’image de la pêche évoquée à la fin de l’évangile donne le sens de toute vocation : ce n’est pas une vocation qui ne concerne que l’appelé, c’est une vocation pour ce qui seront rencontrés. On retrouve cette intuition pour Isaïe : qui enverrai-je ? C’est aussi l’apôtre Paul, à la fin de sa lettre aux Corinthiens.

 

Après avoir annoncé le mystère de mort et de résurrection de Jésus, dans les lignes précédentes, il précise pourquoi il parle. Il n’en a aucun titre, étant le dernier de tous, le persécuteur, et pourtant il reconnait avoir été choisi, appelé. Il précise encore qu’il s’est donné de la peine, mais il ajoute : Ce n’est pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Ce n’est pas la relation personnelle à Dieu qui est mise en avant, comme certains courants le laissent entendre : est premier l’appel par Dieu en vue de devenir porteurs de sa Parole, de son regard sur l’humanité.

 

Cela ne remet pas en cause l’appel à la sainteté,  rappelée par le pape François l’an dernier, mais bien plutôt la mission d’aller vers. Ainsi peut-on trouver le geste du pape François fort utile d’aller au pays des émirats arabes. Comme François d’Assise, il reconnait comme vocation d’aller à la rencontre es musulmans, d’Arabie et d’ailleurs… Cela ne qualifie ni ne disqualifie sa sainteté personnelle. Il est appelé à aller à la rencontre de l’autre, du lointain, qui mérite toute sa considération. Nous avons entendu tant de discours prônant l’hostilité, entre l’Europe dite chrétienne (ou l’occident chrétien) et l’Arabie dite musulmane que nous devrions réévaluer ces oppositions pour repérer en quoi ils ont fait progresser la paix dans l’humanité de cette fin de XXème siècle et début de XXIème siècle. C’est pas la rencontre, le dialogue et l’échange que pourra grandir un chemin d’humanité entre tous.

 

Nous devrions ici rappeler le geste de tout baptisé adulte lors du baptême au cours de la veillée pascale : “Me voici”. Tout comme pour Moïse seul, devant le buisson ardent et qui répond “me voici”, en entendant une voix sans doute plus discrète que les voix de tonnerre lors de la remise des tables de la Loi. Méditons la dernière ligne de la première lecture : “Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ?” Et j’ai répondu : “Me voici. Envoie-moi !”. Que ce soit Isaïe, que ce soit Paul ou les disciples au bord du lac, ils ne savaient où ils mettaient les pieds, mais ils ont répondu pour porter la Parole du Seigneur. A nous de marcher comme eux à la suite de Jésus, qui porte la Parole de son Père.