Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Epiphanie du Seigneur
Isaïe 6, 1-6. Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12
Tout d’abord meilleurs vœux pour cette année nouvelle ! Nous avons pu entendre, le premier janvier, la formule proposée par Moïse : “Que le Seigneur montre son visage, qu’il se tourne vers toi. Or la fête de l’épiphanie célèbre cette certitude : Dieu se montre, Dieu se manifeste. Pas seulement par l’orage et la tempête comme au Sinaï, ni même par le murmure de la brise, comme à Elie. Dieu se manifeste en la personne d’un tout petit enfant.
Epiphanie ou “manifestation du Seigneur au monde” : Dieu se donne à voir. L’expression “Dieu se donne à voir” est peu utilisée. Lui, Il n’est pas obligé de se montrer, et nous, nous ne sommes pas obligés de l’accueillir. Quand nous lisons le début de l’Evangile de Jean nous trouvons cette formule : “…Et les siens ne l’ont pas reçu, mais à ceux qui le reçoivent, il donne de devenir enfants de Dieu”.
Dans le récit de Matthieu, qui n’est pas une simple relation des évènements, mais une méditation religieuse de ce que signifie, pour la foi chrétienne, la vie de Jésus. Regardons la diversité des personnages présentés. D’abord ces mages, sortes d’astrologues/astronomes, chercheurs qui tentent de deviner l’avenir à l’aide de leur science des astres. Ils ne regardent pas le doigt qui montre la lune, ils essaient d’interpréter le sens des évènements.
On a bien sûr cherché à savoir ce qui fut à l’origine du déplacement : comète, collision d’astéroïde, supernovæ, etc. L’important n’est pas cet évènement, mais le fait que des mages se soient mis en route, qu’ils aient poursuivi leur recherche jusqu’à réveiller le roi Hérode. Des gens du pays l’ont vu dans leur quête, mais ils n’ont pas su leur répondre. Les voici donc devant Hérode qui questionne sa cour de docteurs de la loi ou scribes en tous genres. Ces derniers finissent par donner une réponse à partir de leurs Ecritures : à Bethléem. Mais cela ne les met pas en branle. Ils ont la bonne réponse, mais semblent indifférents à ce qu’ils affirment. Nous, qui avons aussi les Ecritures et deux mille ans de vie d’Eglise, sommes-nous heureux de cette Bonne Nouvelle : Dieu est venu chez nous. (Et alors ! diront certains !)
Voici donc ces mages qui reprennent leur route jusqu’à arriver au lieu qui va illuminer leur nuit et leurs visages. Arrivés dans la maison, ils ne voient que la mère et l’enfant. Ils sortent du bât de leurs chameaux leurs cadeaux. Alors qu’ils font éclater leur joie, à Jérusalem le roi manigance pour voir comment supprimer cet intru qui vient déranger l’ordonnancement de son monde, car déjà, Jésus dérange.
On a parfois interprété cet épisode de Matthieu comme une manière de signifier que Jésus vient pour le monde entier, que sa venue n’est pas réservée aux seuls Juifs, mais qu’il est pour tous… heureusement, car lorsqu’on voit ce que font aujourd’hui les habitants du pays (Israéliens) à l’égard des étrangers, on se doute qu’ils ne liraient même pas les Ecritures, par exemple : souviens toi que tu étais un étranger en terre étrangère (Deutéronome 26), ton père était un araméen errant.
Ainsi Paul affirme dans Ephésiens : “Toutes les nations son associées au même héritage, au même partage de la promesse”. Il faudrait s’en souvenir, plutôt que d’exiger que chacun soit chez soi !!! (Père Emile Hennart)