Sache que l’homme ne vit pas seulement de pain.
Fête du Corps et du Sang du Christ.
Deutéronome 8, 2-16 ; 1 Corinthiens 10, 16-17 ; Jean 6, 51-58
La manière dont le Deutéronome fait réinterprétation de l’histoire d’Israël et en particulier le temps au désert est invitation à comprendre la relation que dieu a voulu avec son peuple. Souviens-toi est-il dit au début de la lecture… Invitation à notre tour à nous souvenir de notre propre histoire. Il existe actuellement un débat sur la présentation (les présentations) de l’histoire française, l’une qui honore les faits glorieux, quitte à trafiquer l’historicité des évènements, l’autre qui essaie de comprendre le chemin que nos prédécesseurs ont essayé de tracer au milieu des nations et avec elles. La première a pu être qualifiée de roman de l’histoire de France, l’autre d’iconoclaste. Le “Souviens-toi” ne fait pas seulement appel à l’exposé du passé, mais aussi à l’interprétation qu’on veut bien en donner. Moïse était-il de la première ou de la seconde école dépeinte ci-dessus, je ne sais, mais il cherche à inculquer à ses auditeurs la certitude que Dieu ne nous abandonne pas, même si son peuple a la mémoire courte et qu’elle est souvent emplie d’oubliettes.
N’y a-t-il pas chez nous bien des zones d’obscurité où notre relation à Dieu et à Jésus laisse à désirer ? C’est en ce sens qu’on peut reprendre la seconde lecture, tirée de 1 Corinthiens : “la multitude que nous sommes est un seul corps”. Lorsque nous communions, nous formons un seul corps à cause du Christ. Or l’Eglise est un corps divisé, non seulement à cause de nos diversités, mais à cause du refus de reconnaître la diversité que le Christ a rejoint pour en faire un seul peuple.
En quelques mots bien pesés nous avons fait exploser le corps du Christ : tradis ou progressistes, intégristes ou pro-Vatican, hommes de chœur ou proches des périphéries… il est temps de réveiller en nous la mémoire qui rappelle que tous, nous n’avons d’importance que par le don que le Christ fait à son Eglise. Il a donné sa vie pour que nous ne fassions qu’un.
Fêter le Corps et le Sang du christ, c’est vouloir aller la la communion qu’il a inauguré le jeudi-saint. Ce jour-là, le Christ ne s’adressait pas à des hommes parfaits, mais à des amis rencontrés sur les routes de Palestine et qui cherchaient à honorer le Dieu de la Bible. Ce jeudi-saint, il n’y avait ni or, ni argent, ni plateaux somptueux et mets extraordinaires. Si quelques papes souhaitent célébrer avec des mocassins pourpres ou un couvre-chef à la saint Sixte ou entouré d’une garde d’honneur chamarrée, il n’en était pas ainsi le jeudi-saint, et il est utile de s’en souvenir pour ne pas s’égarer sur des chemins qui ont fort peu à voir avec l’Evangile de Matthieu, Marc, Luc Jean ou Paul. Pour s’approcher du Corps et du Sang du Christ, il suffit de laisser au pied de l’autel toute sorte de rivalité ou haine et redire comme le centurion : Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit, mais dis seulement une parole, et ton serviteur sera guéri. EH