Solennité du Corps et du Sang du Christ

Ceci est le sang de l'alliance

Exode 24, 3-8 ; Hébreux 9, 11-15 ; Marc 14, 12-26

Après une longue absence, nous retrouvons l’Evangile selon Marc. Les lectures de cette fête du Corps et du Sang du Christ rappellent les conditions dans lesquelles le Christ a célébré la Pâques, occasion de se rappeler combien notre eucharistie aujourd’hui est greffée sur la fête de la Pâque juive. L’histoire lointaine rappelle la fête des moissons, Fête de réjouissance où l’on rend grâce à Dieu pour les bienfaits de la nature… bienfait ou dons de Dieu. Le peuple des hébreux y a associé la fête de la sortie d’Egypte, libération voulue par Dieu, avec Moïse comme celui qui conduit le peuple de l’alliance.

 

Faut-il parler de sacrifice ou d‘alliance ? Si le mot sacrifice a prévalu à certaines époques de l’Eglise, le mot alliance semble plus judicieux, ne serait-ce que parce que les évangiles parlent du sang de l’alliance nouvelle et éternelle. A nous de méditer sur le sens de notre vie, reliée à Dieu par la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Le mot alliance parcourt l’ensemble de la Bible, une première fois avec Noé et l‘arc-en-ciel, signe du désir de Dieu de maintenir entre l’humanité et lui une alliance. L’histoire d’Abraham manifeste ensuite le désir d’alliance. Lorsqu’on évoque Moïse, nous sommes bien obligés de rappeler  Genèse 17,  2 : J‘institue mon alliance entre toi et moi etc. L’Exode commence par cette affirmation : “Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob” Ex.2, 24.

 

Cette alliance pourrait n’être qu’un rite, et  il faudra les prophètes, en particulier Jérémie, pour faire comprendre que Dieu parle au cœur de chacun, qu’il inscrit sa loi au fond des cœurs. Déjà des prophètes comme Amos et Osée avaient interrogé ceux qui se contentaient d’observer les rites alors que Dieu souhaite que ce peuple pratique le droit et la justice. Quand Matthieu reprend les paroles de Jésus sur l’observance (Mtt 5-7), il précisera ; “Ce n'est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux”. Récemment un bibliste interrogeait son auditoire diocésain sur la maladie actuelle de trop rechercher le respect des rites lors de nos assemblées. Aurions-nous oublié les expressions des prophètes de l’Ancien Testament : “Car c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices.” Osée 6,6 ; ou encore “Des sacrifices et des oblations, m'en avez-vous présentés, pendant 40 ans au désert ?” Amos 5, 25.

 

En fêtant le Corps et le Sang du Christ, nous devenons les bénéficiaire du désir de Dieu de voir ses enfants rassemblés (communion) afin qu’ils présentent une offrande pure, fruit de justice et de paix. Le dernier document du pape François sur l’utilisation de l’argent dans nos sociétés modernes interroge les pratiquent qui dissocieraient la recherche du rendement du souci du pauvre et du sans-droit. La nouvelle alliance est don et amour. C’est à cela que nous sommes appelés en célébrant le Corps et le Sang du Christ, en mettant en pratique ce qu’il nous a commandé.