La spiritualité du pharisien et du publicain.

30ème dimanche ordinaire

Ben Sira 35, 15-22 ; 2 Timothée 4, 6-8 et 16-18 ; Luc 18, 9-14

La spiritualité du pharisien et du publicain.

 

En lisant la progression des textes des Ecritures qui nous parlent des relations entre Dieu et les hommes, nous découvrons que Dieu est un être qui se rend proche de l’homme, qui lui veut du bien. C’est même déjà inscrit dans le récit de la Création en Genèse : Dans le jardin d'Eden, Dieu marche à la recherche du couple humain avec qui il veut causer…. Si Yahvé cherche Abraham ou Moïse, si parfois Yahvé s’éloigne se son peuple ingrat, la conviction des écrivains sacrés affirme que Dieu se veut proche de nous (relire l’affirmation d’Habacuc, il y a 3 semaines).

L’évangéliste Marc l’affirme au début de son Evangile : Le Royaume de Dieu s’est approché de vous. Quant à Jean, il inscrit dès le début de son prologue : "il est venu chez les siens, il s’est fait chair et a habité parmi nous". Mais comment comprendre cette parabole du pharisien et du publicain ?

 

Le pharisien et le publicain montent tous deux au Temple pour prier. Le pharisien prie : Je te remercie de n’être pas comme les autres hommes, pécheurs, voleurs, injustes. Le publicain prie : Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis. Et Jésus provoque ses auditeurs à dire eux-mêmes lequel est exaucé. Après avoir entendu dimanche dernier la nécessité de prier et de prier avec persévérance, ce dimanche il nous est proposé de faire attention à notre attitude, nos relations à l’égard de Dieu. Le publicain connait la distance entre lui et Dieu. Il met cependant sa confiance dans le fait que Dieu peut l’écouter. Dans la première lecture, Ben Sira affirme que Dieu ne méprise pas la prière de l’opprimé, de la veuve, de l’orphelin. “La prière du pauvre traverse les nuées…”. Alors nous aussi, gardons la confiance en un Dieu qui nous aime, se rend proche de nous, quoi que nous ayons fait. Que nos sentiments à l'égard de nos frères soient transformés.

 

Nous devrions davantage nous interroger sur les comportements les uns envers les autres : l’attitude de supériorité dénoncée à l’égard du pharisien pourrait aussi être notre attitude à l’égard de civilisations que nous estimons différentes ou inférieures à nous-mêmes. Le synode sur l’Amazonie nous provoque à reconnaitre les différences, les appels adressés pour que notre religion se transforme. L’occident a voulu imposer un modèle de religion qui n’accepte pas la différence. Nos avons exporté nos conceptions de Dieu selon le seul modèle latin. Qu’avons-nous fait quand nous avons rejeté les communautés ecclésiales de bases ? Qu’est-il resté de l’espérance d’un Helder Camara ou Mgr Roméro ? Au nom de notre Jésus-Christ nous refusons que de nouvelles générations de chrétiens accèdent à l’Eucharistie. Refuserons-nous des liturgies amérindiennes parce qu’elles ne correspondent pas à nos mentalités ? Et l’inverse ? Pharisien ou publicain, nous avons à balayer devant notre porte ! Nous aurions aussi à travailler les modèles économiques qui produisent tant de richesses et qui sont si peu partagées. Seigneur, nous avons beaucoup à faire pour que la terre que tu nous as offerte devienne fraternelle et source de justice pour tous. Puissions-nous davantage entendre les appels du pape François.

 

La bonne nouvelle des évangiles, dès les premières lignes de Marc c’est la certitude, la confiance que Dieu ne nous abandonne pas. On peut se rappeler la prière de Jésus sur la croix : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mc 15, 34), qui est l’écho du début du psaume 22. C’est un psaume dont il faut savoir lire la finale, qui annonce le salut : Les pauvres mangeront et seront rassasiés. Car il n'a pas méprisé, ni dédaigné la pauvreté du pauvre, ni caché de lui sa face, mais, invoqué par lui, il écouta. Abbé Emile Hennart

 

. Abbé Emile Hennart