Je suis la vigne et vous les sarments

5ème dimanche de Pâques

Actes 9, 26-1 ; 1 Jean 3, 18-24 ; Jean 15, 1-8

 

L’histoire des premiers chrétiens, celle de Paul en particulier, ressemble étrangement à celle que peut être aussi la nôtre. Les Actes des apôtres nous signalent combien il est difficile d’entrer dans une communauté quand on n’en n’est pas originaire…. Et quand, en plus la réputation de perturbateur a précédé son arrivée, on se méfie d’autant plus du trublion ! Pourtant Paul n’était pas encore devenu le grand prédicateur itinérant. Il était le scribe fervent et appliqué à faire respecter la Loi et la religion juive. Pourtant la rumeur de son zèle de persécuteur était parvenue dans les communautés…. Mais pas au point d’accueillir ce juif venu d’ailleurs. Il était de Tarse, avait fait ses études à Jérusalem, et revenait de Damas, où il s’était converti.


Il faut donc que Barnabé l’introduise au sein de la communauté, dès lors, cela va mieux et Paul peut exercer ses talents de commentateur de l’Ecriture et de l’enseignement de Jésus. Mais des Juifs de la diaspora grecque cherchent à l’éliminer. Nous sommes ici au tout début d’une bien longue histoire d’annonce de l’Evangile aux nations.


L’Evangile de ce jour nous est familier avec l’image de la vigne et des sarments : “Moi, je suis la vigne et vous, vous êtres les sarments”. L’évangéliste Jean n’aurait sans doute pas tant insisté sur cette image, s’il n’y avait dans les communautés chrétiennes des débuts de divisions et même des tendances à l’hérésie, certaines communautés ayant tendance à devenir autonome, indépendantes des autres communautés, indépendantes de celui qui fit passer la sève de vie, du tronc dans les branches. Certains chrétiens oubliaient le commandement d’aimer (autre insistance de saint Jean) pour s’enfermer dans quelques doctrines intellectuelles n’ayant plus rien à voir avec le concret de la vie en Christ. (voir par exemple le docétisme). On comprend mieux l’importance de rester branché en Christ comme les branches au tronc, pour former la vigne qui portera du fruit.

 

Qu’en est-il dans les communautés chrétiennes aujourd’hui où chacune fait ce qui lui plait, ne cherche plus à vivre la fraternité les unes avec les autres, à participer aux mêmes lieux d’enseignement, à partager les mêmes documents de travail, qui abandonne tout ce que les aînés ont pu proposer afin que la Parole soit transmise ? Au moment où Mgr Tréhor, évêque anglican de Canterbury en visite à Arras vient entendre différents témoignages, signe de communion au-delà du Channel, ne devrions-nous pas aussi partager les fruits de l’expérience croyante?

 

La rumeur qui divisait les chrétiens d’avec Paul au premier siècle, peut être aussi celle qui nous sépare les uns des autres au 21ème siècle. N’y a-t-il pas le risque de se dessécher loin de l’arbre de vie qu’est le Christ et des ramures que sont les différentes générations, quand nous choisissons de vivre chacun de son côté ?


Le signe de l'union à Christ qui nous est donné est la dernière phrase de l’évangile : Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fuit : ainsi vous serez pour moi des disciples.
Abbé Emile Hennart