Sur la route d’Emmaüs

3ème dimanche de Pâques

Actes 2, 14.22 à33 ; 1 Pierre 1, 17-21 ; Luc 24, 13-35

 

Pouvons-nous imaginer les apôtres et leurs amis confinés depuis le soir du vendredi-saint, dans l’espace où ils avaient rappelé le repas de la sortie d’Egypte, du temps de Moïse. Confinés, on le rappellera encore en cette veille de Pentecôte. Confinés, mais en voie de dispersion, comme le rappelle l’évangile de ce jour, puisque deux d’entre eux prennent la route d’Emmaüs, et Thomas n’est pas là. Pour eux, c’est fini, et ils le font comprendre au troisième personnage qui les rejoint.

 

C’était le soir du premier jour de la semaine, qui sera bientôt appelé le jour du Seigneur ou dimanche et il viendra remplacer le sabbat de la fin de semaine quand Dieu s’est reposé de son œuvre de création. Désormais c’est le premier jour d’une création nouvelle, où Dieu fait du neuf. En ce soir de fin des temps, les deux personnages deviendront le titre d’une histoire particulière : Les disciples d’Emmaüs, ceux qui reconnaissent leur Seigneur à la fraction du pain. Ainsi en est-il pour eux, et pour nous aujourd’hui encore.

 

Si nous avions lu la suite et fin du chapitre de cet évangile selon Luc, nous serions sortis de Jérusalem vers Béthanie et le Seigneur se sépare d’eux, emporté au ciel. Allez donc demander à Luc quel est le jour de l’ascension ? Acceptons de dire que, quand le Christ est mort il est remonté auprès de son Père. Désormais, c’est le temps de l’Eglise, le temps de l’Esprit. La première lecture évoque ce temps de l’Eprit qui suscite Pierre pour qu’il parle devant tous et au nom de tous. C’est la mission que revient aujourd’hui encore à chacun de nous : il nous faut parler de ce Jésus, sinon la foi est morte.

 

Comme pour les disciples d’Emmaüs, les motifs pour repartir chez soi sont nombreux : c’est fini est l’impression donné à leurs dernières discussions. Aujourd’hui, pour nous, c’est plutôt la tempête (les tempêtes) qui secoue l’Eglise ; ce sont aussi les désertions de nombreux croyants, ou l’indifférence qui envahit les nouvelles générations (les anciennes aussi). C’est aussi la mort des anciens et le non renouvellements par de nouvelles générations qui peuvent troubler à juste titre notre marche à la suite du Christ et de ses témoins.

 

Notre route, tout comme celle des disciples est semée d’embûches, d’imprévus, d’obstacles. Il y a pourtant des signes que nous-mêmes avons posés : notre baptême ou profession de foi, le partage de pain avec nombre de frères… ces signes sont comme des petits cailloux sur une chaussée incertaine. Ce qui est étonnant pour les disciples d’Emmaüs, c’est qu’au milieu de la nuit ils font demi-tour, pour affirmer aux autres disciples que l’histoire n’est pas terminée. Ce n’est pas fini, tout commence ! Abbé Emile Hennart