Tel est le pain descendu du ciel.

20ème dimanche ordinaire

Dimanche 19 août 20ème dimanche ordinaire

 

Proverbes 9, 1-6 ; Ephésiens 5, 15-20 ; Jean 6, 51-58

Depuis plusieurs semaines, nous lisons pas à pas le chapitre 6 de Jean, où Jean développe sa réflexion sur le pain et le vin donnés en nourriture. Sans doute sommes-nous désorientés de voir les développements de ce récit. Il faut reconnaitre que ce n’est pas le texte de Jésus, mais une réflexion qu’a développée saint Jean quand il y a eu des dissensions entre chrétiens sur l’eucharistie.

 

C’est un banquet, la table est prête où nous invite Jésus-Christ… Nous connaissons bien ces couplets et nous les acceptons. Mais il ne devait pas être facile, 80 ans après le partage des pains aux environs de Tabga d’expliquer ce qu’a voulu faire Jésus. Entre temps, il y avait eu le repas pascal dans la chambre haute qui deviendra lieu de l’assemblée des premiers chrétiens avec saint Jacques. Mais il ne devait rien en rester après l’éparpillement des Juifs et des chrétiens sous la pression de soldats romains après 70. Et pourtant reprendre le repas de Jésus comme signe de la paix est quelque chose d’important.

 

Était-ce purement spirituel ? Était-ce l’affirmation que Jésus est toujours avec eux ? Au cours des siècles, l’Eglise aura à préciser ce qu’elle entend par présence de Jésus, par don de sa vie. Le débat a déjà existé à la fin du premier siècle. Jean relie le geste de Jésus à la manne, du temps des Hébreux. Les anciens ont fait l’expérience de ce qu’ils sont devenus, grâce à Dieu. Les premiers chrétiens ont aussi fait l’expérience de devenir un peuple nouveau autour de Jésus, appelé à former un seul corps, animé d’un même esprit. Saint Paul le leur avait fait comprendre dans les années 60 : de tous ces gens de différentes origines, le Christ avait formé un seul corps. Cela on arrivait à le comprendre.

 

Mais le langage que Jean utilise semble bien plus compliqué : manger (croquer) ma chair, boire mon sang. Ma chair comme nourriture, mon sang comme vraie boisson. Jean n’emploie pas ce langage pour le plaisir de choquer. On suppose qu’il y avait dans les communautés, pour certains, une tendance à idéaliser, manière de dire que c’est une belle histoire “spirituelle”, mais qu’il n’y a rien de concret là-dedans. Dire que Dieu se révèle, sans doute, mais dire qu’il s’est incarné, concrètement, en la personne de Jésus, c’est là que les gens refusent leur adhésion. Certains disaient même que Jésus avait “fait semblant” de mourir. C’est à ce type de discours que s’oppose saint Jean ; son introduction ch. 1, c’était déjà pour dire le concret de l’existence de Jésus, Et il s’est fait chair ; il est venu chez les siens. Vrai Dieu et vrai homme. On connait aussi le discours d’authenticité sur aimer Dieu et aimer le frère, ce ne peut pas être dans l’abstraction, mais quelque chose de concret. C’est sur cet arrière-fond de contestation qu’il faut aujourd’hui entendre le chapitre 6 de Jean. Nous ne sommes plus à la même époque, d’où la nécessité de chercher à comprendre ce que Jean a voulu dire.

 

Sommes-nous prêts à dire que Dieu est venu chez nous en Jésus ? Sommes-nous prêts à lui faire place au milieu d’une humanité qui cherche à exister avec les pauvres, ses préférés ?  L’Evangile de Jean n’est pas un bla-bla intellectuel, mais un appel à marcher à la suite de Jésus. Beaucoup l’abandonneront, mais les disciples resteront sans tout comprendre. C’est l’évangile de dimanche prochain. E.H