On vous a dit…moi, je vous dis !

7ème dimanche ordinaire

Lévitique 19, 1-2 et 17-18. 1 Corinthiens 3, 16-23 ; Matthieu 5, 38-48 ;

 

La relation au frère, au prochain a guidé le choix du liturge pour la première lecture. C’est un peu la même litanie que l’on retrouve pour l’Evangile, première partie du sermon sur la montagne : “Tu aimeras ton prochain, aimez même vous ennemis et ceux qui vous persécutent”. On peut sourire un peu quand Jésus demande que l’on soit parfait comme le Père est parfait ! Pourtant il est plus d’un psaume où il est question de détruire ceux qui dérangent ou qui ne respectent pas Dieu. Cela mérite une réflexion exégétique, pour savoir faire la part entre l’absolu de Dieu dérange et le concret de notre quotidien, mais l'espace de ce billet ne suffit pas…

 

En effet, il nous faut entrer dans le regard que l’écrivain sacré porte sur Dieu et dans le même temps sur la condition de la créature humaine ! Cet écrivain ne peut admettre qu’à côté du Dieu très-haut il puisse y avoir quelqu’un qui ne soit pas “de son bord”. Un peu comme si l’eau et le feu ne pouvaient coexister, de même le parfait et l’imparfait coexistent dans notre expérience humaine et croyante. Saint Paul n’exprimait-il pas sa souffrance devant l’imperfection qui l’habite alors même qu’il veut vivre la perfection ? Cela fait partir de la révélation du Nouveau Testament de reconnaître un Dieu humain, un Dieu qui se rend proche de celui qui n’est rien, pas seulement le Trés-haut, le loin de nous. C’est une insistance de Paul aux Corinthiens, ces “moins que rien” que Dieu a choisis pour porter sa révélation. Ils ont dû accepter de croire que Dieu les a choisis : vous êtes à Christ et Christ est à Dieu. Il nous faudrait relire les ch. 2 et 3 de la lettre aux corinthiens pour mesurer la folie de Dieu de les avoir choisis pour qu’ils soient ses amis et ses témoins.

 

Quant au texte de l’Evangile de ce dimanche, c’est encore une “petite pièce détachée” de l’ensemble du sermon sur la montagne. Il est caractéristique que Jésus provoque à dépasser la simple obéissance à la loi. Il ne suffit pas de faire ce qui est dit, ais d’aller plus loin, d’introduire la force d’aimer là où nous pourrions nous contenter d’être obéissants. Cet évangile est invitation au discernement et non à être de simples exécutants.

 

Pour ce qui est de la mini parabole de la pluie et du soleil qui tombent indifféremment sur le bon et le méchant, j’y trouve là une réponse au dilemme posé ci-dessus sur le bien et le mauvais qui coexistent ensemble, côte-à-côte, et cela nous dérange.  Jésus n’invite pas à relativiser le bien et le mauvais, au contraire, il invite à imiter son Père. Dans les attitudes proposées, quelles sont celles qui ont le plus de chance d’ouvrir les yeux du receveur : l’ouverture du don, ou l fermeture à celui qui ne mérite pas le don de la grâce ? E.H.