Je vous donne ma paix

6ème dimanche de Pâques

1er Mai 6ème dimanche de Pâques

Actes des apôtres, 15 1-2 et 22-29 ; Apocalypse 21, 10-14 et 22-23 ; Jean 14, 23-29

Nous sommes à quelques jours de la fête de l’ascension. Et les textes nous orientent vers la grande fête de pentecôte, don de l’Esprit et première proclamation de l’Evangile au monde entier.

L’insistance de l'Evangile sur la paix n’est pas inutile, hier comme aujourd’hui : "Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix", répète Jésus la veille de sa passion. Le choix de la liturgie, pour la première lecture, fait écho au très douloureux conflit entre l’Eglise de Judée et les Eglises du bassin méditerranéen. Cela s’était cristallisé à Antioche : fallait-il ou non exiger à conversion au judaïsme de Moïse avant de pouvoir être baptisé en Christ ? Cela nous semble lointain et pourtant !

 

N'a-t-on pas retrouvé récemment ce même type de conflit : fallait-il célébrer en latin, la langue ancienne, ou dans la langue du pays, afin d'offrir à Dieu un juste sacrifice eucharistique ?  Parfois nous pensons que la vie des premiers chrétiens était une vie de bisounours, que non ! Il suffit de se rappeler les tensions entre Pierre et Paul (Galates), le problème du baptême des païens (Ac. ch. 15), mais aussi les nombreuses rivalités à Corinthe (Paul, Pierre Apollos) et ailleurs. La liste est longue des « pavés dans la marre »  entre chrétiens. Par exemple, comment interpréter la lettre de l’apocalypse aux chrétiens de Thyatire (Apo 2, 20) dont les reproches sont certainement adressés à quelqu’un de précis, disciple de Paul ? etc. Aujourd’hui encore, la rédaction de l’exhortation "la joie de l’Evangile" sous-entend que bien des oreilles dures ont empêché que soient développées des paroles de libération par le pape François… ce sera pour un autre siècle.

 

“Je vous donne ma paix” est, au minimum, la certitude d’être aimé par Dieu, que Dieu nous accompagne. Mgr Pontier le rappelait lors du 50ème anniversaire de l’église N-D d’Afrique construite par les rapatriés d’Algérie. Eux aussi ont voulu continuer à croire que Dieu les accompagnait, tout comme il accompagne aujourd’hui les chrétiens d’Irak et de Syrie à leur tour persécuté au nom de leur foi en Christ mort et ressuscité.

 

Plus globalement, notre foi peut être confrontée aux changements de société (civilisation) que nous subissons aujourd’hui, sans trop savoir où cela va nous mener. Quel monde est en train d’émerger ? Certainement pas celui du choc des civilisations (occident/Islam), ce qui ne veut pas dire qu’il faut rester accrochés à son passé. Le changement d’humanité (transhumanisme) n'est pas pour demain matin, car les révolutions anthropomorphiques comme anthropologiques ne se font pas en un jour. Aussi avons-nous à développer le discernement pour que naisse un monde, une société qui laisse place au Christ et à son Esprit.

 

Les traces de cet Esprit sont la force d’aimer, de pardonner. Que votre cœur ne soit pas effrayé, rappelle le christ. On pourrait aussi reprendre le chemin de l’Apocalypse, vision qui trouve aujourd’hui sa conclusion avec l’annonce de l’émergence d’une cité nouvelle… une ville de lumière où chaque pierre est comme une pierre précieuse. Utopie ? Peut-être espérance sans doute. Quand saint Jacques rédige sa lettre aux chrétiens d’Antioche et la fait porter par Jude et Silas, faisait-il œuvre d’éternité ? Le savait-il ? Il avait essayé de discerner le chemin qui permettrait au plus grand nombre de devenir croyants en Christ. A nous de suivre le même exemple !

On n’oubliera pas, ce dimanche, de prier pour tous les travailleurs salariés et précaires dont la fête du 1er mai reste l’espérance d’un avenir. EH