L'assomption

ou comment la tradition devient dogme

 

 

Jérusalem, Eglise de la Dormition La dormition  
Jérusalem, Eglise de la Dormition
Jérusalem, Eglise de la Dormition
La fête du 15 août est honorée depuis des siècles par la ferveur . Elle met en valeur une dimension essentielle de la foi chrétienne : accueillir le don de Dieu dans sa vie, célébrer et mettre en œuvre cette grâce qui élève les humbles et rabaisse les puissants.

 

Pie XII proclame

« Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et âme à la vie céleste ». C’était le 1er novembre 1950, par la constitution apostolique Munificentissimus Deus. Cette affirmation prend sa source dans la tradition de l’Eglise, longuement mûrie par un siècle de théologie mariale omniprésente.

 

Aux origines

On ne sait pourtant rien de la fin de vie terrestre de Marie. Seul un écrit apocryphe du Vème siècle, la Dormition de Marie », évoque ses derniers instants. Entourée par les apôtres en prière, elle est emmenée au paradis par le Christ. Très tôt les chrétiens ont eu le pressentiment que la mère de Dieu, préservée de tout péché (dogme de 1854), ne pouvait pas avoir connu la corruption de la mort. Une intuition que développent des pères de l’Eglise, en particulier Jean Damascène. Au VIème siècle, la dormition est déjà fêtée en Orient, vers la mi-janvier. L’empereur Maurice (582-602) la fixera définitivement au 15 août. Suite à un vœu, Louis XIII, roi de France consacrera son Royaume à Marie le 15 août, ce qui expliquera le développement particulier de cette fête en France, où prière à Marie et défense de la royauté iront de pair.

 

La fête, tradition héritée de l’Eglise d’Orient

 

Une représentation intimiste, le regard. Dialogue entre Marie et Jésus Marie  
Une représentation intimiste, le regard. Dialogue entre Marie et Jésus
Une représentation intimiste, le regard. Dialogue entre Marie et Jésus
 La fête d’Orient arrive à Rome grâce au pape Théodore (642-649), lui-même originaire de Constantinople. La fête se diffusera petit à petit en occident. Le concile de Mayence en 813, l’impose à l’ensemble de l’empire franc. Peu à peu la fête prend le nom d’Assomption. Même si la différence entre assomption et dormition reste ténue, l’Eglise d’alors ne ressent pas le besoin d’ériger cette croyance en dogme. Le culte marial, sous l’impulsion significative de saint Bernard se développe autour du titre de ‘Notre-Dame’ et l’élévation de nombreuses cathédrales.

C’est au XIXème siècle, après la proclamation du dogme de l’immaculée conception par Pie IX en 1854 que se développe dans un courant de piété marial, avec envoi de nombreuses pétitions à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption. De 1854 à 1945, huit millions de fidèles écriront en ce sens. Il faut y ajouter les pétitions de 1332 évêques, de 83.000 prêtres, religieuses et religieux. Face à ces demandes répétées, Pie XII demande aux évêques du monde de se prononcer. 90% des évêques y sont favorables. 10% des évêques s’interrogent sur l’opportunité d’une telle déclaration. Quelques-uns émettent des doutes sur le ‘caractère révélé’ de l’Assomption de Marie. Des célébrations mémorables accompagnent la proclamation du dogme, qui clôture une année jubilaire.

 

A ce jour, la proclamation de l’immaculée conception est le seul cas où l’infaillibilité pontificale telle que définie à Vatican I a été mise en œuvre. Parmi les célébrations on retiendra celle où Pie XII couronne une statue de la Vierge, dans la crypte de saint Pierre à Rome. Dans l’évolution de l’iconographie, on notera qu’à partir du milieu du XIXème siècle la coutume se prend de représenter Marie seule, sans présence de son fils. La redécouverte du patrimoine des siècles passés rend compte à nouveau d’une piété mariale qui, avec Marie, se tourne vers le Christ et son Evangile. La méditation des “mystères du rosaire” est une heureuse illustration de la méditation de la vie de Jésus selon les évangiles.

 

L'assomption: pour aller plus loin

Quelques autres pages au sujet de Marie dans le site.

La prière du jubilé marial

 

 Au cours de  l'année 2007-2008,année jubilaire, fut honoré le 150ème anniversaire des apparitions de Lourdes à Bernadette a développé le désir d'approfondir la foi en Jésus. Pèlerinages, chemin du jubilé, chemin de croix sont autant de démarches pour raviver en nous le désir d'aller au coeur de la foi, à savoir Christ, mort et ressuscité pour nous et pour le monde entier. 

 

Assomption ou Dormition ?

 

Je suis la lumière du monde Eglise de la Dormition -Jérusalem  
Je suis la lumière du monde
Je suis la lumière du monde
Occident et Orient n'emploient pas la même expression au sujet de Marie.

Selon le théologien orthodoxe Olivier Clément, la différence est d’abord sémantique. Le terme passif d’assomption traduit l’idée que la Vierge Marie ne s’élève pas d’elle-même au ciel, mais y est élevée, “assumée”. La tradition orthodoxe, elle insiste sur la douceur de la Jésus emporteauprès de Dieu Marie vêtu du linceul blanc, à l'image de l'ascension de Jésus Eglise de la Dormition, crypte, à Jérusalem  
Jésus emporteauprès de Dieu Marie vêtu du linceul blanc, à l'image de l'ascension de Jésus
Jésus emporteauprès de Dieu Marie vêtu du linceul blanc, à l'image de l'ascension de Jésus
mort de Marie, tel un endormissement, d’où le terme de Dormition.

 

C’est un terme qui peut être appliqué à n’importe qui, précise encore Olivier Clément. Les orthodoxes ne font pas de la Dormition un  dogme, mais personne ne la remet en cause.

 

La différence entre Dormition et assomption est aussi théologique, les orthodoxes refusant le dogme de l’Immaculée conception sur lequel se base en partie l’Assomption. “Chez les catholiques, Marie est immaculée par sa conception et sa naissance ; chez les orthodoxes, elle l’est parce que sa vie a correspondu à sa vocation”.

A partir d’un document de la revue des paroisses Alpes 74, Juillet 2007

 


 

L’historien Bruno Bethouart, dans son étude sur la dévotion mariale sur le littoral Nord-Pas-de-Calais essaie de rendre compte des raisons de l'expansion de la piété et de la dévotion mariales, surtout depuis deux siècles. Parmi ses réponses:

 

  • Il y a d'abord l’ancienneté de la dévotion. .
  • Le souci de Mgr de La Tour d’Auvergne d’unifier le nouveau diocèse l'a amené à utiliser la dévotion dans les trois anciens évéchés: Notre-Dame nautonière à Boulogne, Notre-Dame des Ardents à Arras et Notre-Dame des Miracles à Saint-Omer. Le diocèse d'Arras est né de la réorganisation par Napoléon des diocèses de France. L'évêque d'Arras garde toujours le titre d'évêque d'Arras, Boulogne et Saint-Omer, trois évéchés fusionnés en 1802.
  • La cristallisation des chrétiens autour du culte marial comme expression de l’affrontement entre républicains et cléricaux, à partir de 1904. Lorsque le pape demande le Ralliement des chrétiens (royalistes) à la République, ce fut un tollé, et l'on ressortit les bannières pour la procession mariale.
  • Le souci de contrebalancer le risque d’anglicanisation de la côte en opposant le culte de Marie aux anglicans traversant le chanel.
  • Le développement de la piété mariale est aussi la conséquence d’une prédication trop insistante sur la peur de Dieu entrainant le besoin au Ciel d’une mère douce et aimante, proche de l’être humain fragile et souffrant, qui puisse intervenir auprès de l'Eternel.

L'imporance de cette piété mariale a sans doute influé en 2002-2003 sur le choix des noms des nouvelles paroisses du diocèse, au détriment des saints locaux comme saint Martin ou saint Vaast, saint Frieux ou Luggle et Luglien; 33 paroisses sur les 94 que comporte le diocèse porteront le nom de Notre-Dame.

 

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 17542 visites