Journée mondiale du migrant
Message du souverain Pontife
Message du pape à l’occasion de
23 décembre 2007, salle du MinckJeune de tout pays, partage tes trésors
Chers frères et sœurs,
Le thème de
Le vaste processus actuel de globalisation dans le monde porte avec lui une exigence de mobilité qui pousse notamment de nombreux jeunes à émigrer et à vivre loin de leurs familles et de leurs pays. La conséquence en est que c’est souvent la jeunesse dotée des meilleures ressources intellectuelles qui quitte son pays d’origine, tandis que les règles en vigueur dans les pays qui reçoivent les migrants rendent difficiles leur insertion effective. De fait, le phénomène de l’émigration s’étend toujours davantage et touche un nombre croissant de personnes de toute condition sociale. A juste titre, par conséquent, les institutions publiques, les organisations humanitaires, ainsi que l’Eglise catholique, consacrent beaucoup de leurs ressources pour venir en aide à ces personnes en difficulté.
Les jeunes migrants ressentent particulièrement la problématique constituée par ce qu’on appelle la « difficulté de la double appartenance » : d’un côté, ils ressentent vivement le besoin de ne pas perdre leur culture d’origine, tandis que, de l’autre, émerge en eux le désir de s’insérer de façon organique dans la société qui les accueille, sans que cela comporte toutefois une assimilation complète, ni la perte des traditions ancestrales qui en découle. Parmi les jeunes, les filles sont plus facilement victimes de l’exploitation, de chantages moraux et même de toute sorte d’abus. Que dire, par ailleurs, des adolescents et des mineurs non accompagnés, qui constituent une catégorie à risque parmi ceux qui demandent l’asile ? Ces garçons et filles finissent souvent dans la rue, livrés à eux-mêmes et la proie de ceux qui les exploitent sans scrupules et, bien souvent, les transforment en objet de violence physique, morale et sexuelle.
Si l’on regarde ensuite de plus près le secteur des migrants forcés, des réfugiés et des victimes du trafic d’êtres humains, nous y rencontrons hélas aussi de nombreux enfants et
adolescents. A ce propos, il est impossible de se taire face aux images bouleversantes des grands camps de réfugiés présents dans les diverses parties du monde. Comment ne pas penser que ces petits êtres sont venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ?
Et, en même temps, comment ne pas rappeler l’importance fondamentale que revêtent les phases de l’enfance et de l’adolescence pour le développement de l’homme et de la femme, et qu’elles requièrent stabilité, sérénité et sécurité ? Ces enfants et ces adolescents n’ont connu comme unique expérience de vie que les « camps » de séjour obligatoire, où ils se trouvent relégués, loin des villes et sans pouvoir aller à l’école d’une façon normale. Comment peuvent-ils considérer leur avenir avec confiance ? S’il est vrai que l’on est en train de faire beaucoup pour eux, il faut toutefois s’engager davantage encore pour les aider à travers la création de structures d’accueil et de formation adéquates.
Dans cette perspective, précisément, la question se pose : comment répondre aux attentes
des jeunes migrants ? Que faire pour leur venir en aide ? Il faut certes viser en premier lieu au
soutien de la famille et de l’école. Mais combien sont complexes les situations et nombreuses
les difficultés que rencontrent ces jeunes dans leurs contextes familiaux et scolaires ! Au sein des familles, les rôles traditionnels qui existaient dans les pays d’origine ont disparu et l’on assiste souvent à un conflit entre parents demeurés ancrés dans leur culture et enfants rapidement acculturés dans les nouveaux contextes sociaux. Il ne faut pas sous-évaluer non plus la difficulté que rencontrent les jeunes pour s’insérer dans les parcours éducatifs en vigueur dans les pays où ils sont accueillis. Le système scolaire lui-même devrait donc tenir compte de leurs conditions et prévoir pour les jeunes immigrés des itinéraires d’intégration spécifiques adaptés à leurs exigences. Il sera également important de s’efforcer de créer dans les salles de classe un climat de respect réciproque et de dialogue entre tous les élèves, sur la base des principes et des valeurs universels qui sont communs à toutes les cultures. Les efforts de tous – professeurs, familles et étudiants – contribueront certainement à aider les jeunes migrants à affronter de la meilleure façon le défi de l’intégration et leur offriront la possibilité d’acquérir ce qui peut profiter à leur formation humaine, culturelle et professionnelle. Ceci vaut encore plus en ce qui concerne les jeunes réfugiés pour lesquels il faudra préparer des programmes appropriés dans le cadre scolaire et dans le cadre du travail, de façon à garantir leur préparation en fournissant les bases nécessaires à une insertion correcte dans ce nouveau monde social, culturel et professionnel.
L’Eglise regarde avec une attention particulière le monde des migrants et demande à ceux qui ont reçu une formation chrétienne dans leurs pays d’origine de faire fructifier ce patrimoine de foi et de valeurs évangéliques de façon à offrir un témoignage cohérent dans les différents contextes existentiels. A cette fin précisément, j’invite les communautés ecclésiales d’arrivée à accueillir avec sympathie les jeunes et très jeunes avec leurs parents, en cherchant à comprendre leurs vicissitudes et à favoriser leur insertion.
Il existe, par ailleurs, parmi les migrants, comme je l’ai écrit dans mon Message de l’an dernier, une catégorie à considérer d’une façon spéciale, à savoir celle des étudiants d’autres pays qui, pour des raisons d’études, se trouvent loin de chez eux. Leur nombre est en augmentation croissante : ces jeunes ont besoin d’une pastorale spécifique, car ce ne sont pas seulement des étudiants, comme tous les autres, mais aussi des migrants temporaires. Ils se sentent souvent seuls, sous la pression des études et parfois cernés aussi par des difficultés économiques. L’Eglise, dans sa sollicitude maternelle, les considère avec affection et cherche à mettre en œuvre des interventions pastorales et sociales spécifiques, qui tiennent compte des grandes ressources de leur jeunesse. Il faut faire en sorte qu’ils aient la possibilité de s’ouvrir du dynamisme de l’interculturalité, en s’enrichissant au contact des autres étudiants de cultures et de religions différentes. Pour les jeunes chrétiens, cette expérience d’étude et de formation peut être un domaine utile de maturation de leur foi, stimulée à s’ouvrir à l’universalisme qui est un élément constitutif de l’Eglise catholique.
Chers jeunes migrants, préparez-vous à construire, aux côtés des jeunes gens de votre âge, une société plus juste et fraternelle, en accomplissant scrupuleusement et sérieusement vos devoirs vis-à-vis de vos familles et de l’Etat. Soyez respectueux des lois et ne vous laissez jamais emporter par la haine et
Provenant de cultures diverses, mais ayant tous en commun l’appartenance à l’unique Eglise du Christ, vous pouvez montrer que l’Evangile est vivant et adapté à chaque situation ; c’est un message authentique et toujours nouveau ; Parole d’espérance et de salut pour les hommes de toute race et culture, de tout âge et de toute époque.
Á Marie, Mère de l’humanité tout entière, et à Joseph, son très chaste époux, tous deux
réfugiés avec Jésus en Egypte, je confie chacun de vous, vos familles, tous ceux qui s’occupent de différentes façons de votre vaste monde de jeunes migrants, les volontaires et les agents pastoraux qui sont proches de vous par leur disponibilité et leur soutien amical.
Que le Seigneur soit toujours à vos côtés et aux côtés de vos familles, afin qu’ensemble vous
puissiez surmonter les obstacles et les difficultés matérielles et spirituelles que vous rencontrez sur votre chemin. J’accompagne ces vœux d’une Bénédiction Apostolique spéciale pour chacun d’entre vous et pour les personnes qui vous sont chères.
Du Vatican, le 18 octobre 2007,
BENEDICTUS PP. XVI
(Source, Bollettino, Vatican, 28 novembre 2007)
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