Les afghans de Nimes (ex-Calais)
Publication de Nîmes Le repas à Calais
La revue diocésaine “Eglise de Nîmes” du 6 décembre 2009 publiait un article « Les Afghans de Nîmes » que nous reproduisons. Nous remercions les collaborateurs de la revue de Nîmes, nos confrères, de donner des nouvelles qui rapprochent les cœurs, ceux de Calais et de Nîmes. Mgr Robert Wattebled, évêque de Nîmes, est lui-même originaire de Calais, et il n’ignore pas les souffrances et les espoirs qui sont portées dans notre région.
Les afghans de Nîmes, ex-Calais Arrivés fin septembre à Nîmes, après leur interpellation à Calais dans la « jungle », dix neuf jeunes Afghans sont hébergés, soutenus et nourris par des associations catholiques et protestantes, tandis que la Cimade, aidée par l'association des Afghans de Montpellier, établit avec eux leur demande d'asile, dans un contexte administratif difficile.
Ce soir là, j'ai rendez vous rue Pépin le Bref, au Foyer Saint François avec Jean Marc Soulas, qui appartient à la société Saint Vincent de Paul de Nîmes. Celle-ci a répondu à l'appel de la Cimade et a pris en charge depuis le 12 octobre l'hébergement de dix des quarante Afghans arrivés à Nîmes le 28 septembre dernier, à la sortie du centre de rétention. Neuf autres sont logés dans un foyer catholique du centre ville. Vingt et un sont repartis, dans la clandestinité sans doute vers Calais.
Une grande salle commune au rez-de-chaussée, deux chambres équipées de lits de camp au premier étage, un gardien de nuit pour assurer la sécurité incendie, tel est le décor.
Les réfugiés passent la journée à la Fraternité Protestante, où ils prennent leurs repas, suivent des cours de français et montent leur dossier de demande d'asile. Le soir, ils rejoignent le Foyer. Ils arrivent les uns après les autres. Ils sont jeunes, le plus âgé a un peu plus de trente ans. Ils viennent pour leur majorité du sud de l'Afghanistan, et appartiennent à l'ethnie pashtoune. Deux sont tadjiks.
Ils ont tous suivi des études secondaires et trois d'entre eux parlent anglais. La conversation peut s'amorcer. Ils sont heureux de voir que je connais bien leur pays, où j'ai vécu durant près de deux années. Nous plaisantons. J'ai amené des gâteaux au miel. Ils préparent le thé que nous allons partager.
Saïd, Mohamad et Elias me racontent leur périple, Pakistan, Iran, Turquie, Grèce, puis Italie et Calais pour les uns, ou Macédoine, Roumanie, Hongrie, Autriche, Italie, et Calais pour un autre.
Ils me font part de leur surprise en découvrant la « jungle» de Calais, de leurs tentatives infructueuses pour passer en Angleterre, de leur désespoir lors de leur traversée de la France en autocar, menottés deux à deux, de leur désarroi lorsqu'ils ont été libérés du centre de rétention en pleine nuit, du choix qu'ils ont fait de rester à Nîmes pour déposer une demande d'asile...
Nous buvons le thé, Jean Marc me dit son inquiétude pour l'avenir de l'hébergement à Saint
les ans de décembre à février dans le cadre de la «Main tendue», devrait débuter très bientôt.
Des bénévoles nous ont rejoints, il en passe ainsi tous les soirs, qui viennent partager un moment d'amitié avec les réfugiés. Je plaisante avec Saïd, qui était chauffeur de taxi, sur la conduite très particulière des Afghans, au klaxon et au culot.
Elias était étudiant en Physique. Il me montre son livre de français. Il est fier de pouvoir me dire quelques mots dans ma langue. Je lui dis merci «tachakor ». Mohamad, qui était journaliste, me dit son projet d'écrire un jour son odyssée.
Jean-Marc Soulas me donne le fil directeur de l'action de la Société Saint Vincent: « accueillir ces réfugiés sur le sol français d'une façon digne. »
Mais la soirée s'achève, il me faut repartir et les quitter, en les laissant face à leur futur incertain. Mohamad tient à respecter les règles de l'hospitalité de son pays, il me ramène jusqu'au pas de la porte. Nous nous étreignons, à l'afghane;
Je rentre, plein de questions, plein de regrets aussi de ne pouvoir plus les aider, je chante « Ne laissons pas mourir la terre» en guise de prière.
« Roda Hafez », au revoir, et peut être à bientôt, «Inch Allah», si Dieu le veut!
Thierry de Seguins-Cohorn
Un repas amélioré le 27 décembre à Calais
Le 27 décembre à Calais, plus de deux cents réfugiés ont pu l’espace d’un après-midi bénéficier d’un repas de fête dans la salle du BCMO mise à la disposition des associations autour du C’Sur. Alors que dehors, la grêle et les giboulées laissaient à peine percer le soleil, l’intérieur était plus chaleureux… ce n’était quand même pas la “Douce France” de Charles Trenet. S’ils étaient deux cent cinquante réfugiés présents, les organisateurs savent que beaucoup d’autres stationnent hors de Calais. En effet, depuis le démantèlement de la jungle, beaucoup ont été envoyés à l’autre bout de la France ; certains sont revenus dans l’espoir de franchir le chanel. Un certain nombre se retrouvent dans de minuscules camps d’hébergement dans les environs : Loon-Plage, Tatinghem, Norrent-Fontes, etc. Ici et là des municipalités et communautés de communes leur assurent une aide matérielle.
L’éparpillement en de multiples petites unités fait des immigrés des proies faciles pour les passeurs, car les immigrés, isolés de tout, sans lien avec d’autres immigrés ne peuvent que se laisser embobiner par les passeurs redevenus maitres du jeu.
Des hommes de bonne volonté, chrétiens et autres partagent ce souci de l’humain. Chaque nuit de la dernière quinzaine de décembre, ils se sont relayés pour assurer une présence, les nuits où ces sans toit et sans papiers et sans rien pouvaient se réfugier à l’abri des intempéries quelques heures durant. Les réseaux d’aide ont toujours besoin bénévoles, mais la durée entraine l’usure. Prochainement, à l’occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié voulue par Benoit XVI, les chrétiens, catholiques, protestants et anglicans de Calais offriront un repas le midi… Mais, comme Joseph et Marie, au moment de publier, il n’y a pas de place pour les accueillir quelques heures.
Noël à Norrent-Fontes
Le 24 décembre, à Norrent-Fontes, où sont regroupés des érythréens, chrétiens, la célébration a réuni français et immigrés dans la commune célébration de l’accueil de Jésus parmi les bergers. Avant la messe, les paroissiens et les amis de Terre d'errance étaient invités à un repas typiquement érythréen : Zigni (ragoût épicé), Zil-zil (bœuf), etc. Le tout se mangeant sans couvert, à l'aide de galette au levain qui servait à saisir les aliments sans trop se salir les doigts. A la messe, deux enfants de chœur étaient eux-mêmes fils d’émigrés. Après la messe, un chocolat chaud et quelques danses érythréennes, chacun est reparti sous son toit ou son hébergement (une salle de sport prêtée par la commune).
Trois citations, pour rafraichir notre mémoire
- "Tu n'exploiteras ni n'opprimeras l'émigré, car vous avez été des émigrés au pays d'Égypte. (Exode 10, 19-20.)
- Tu ne biaiseras pas avec le droit d'un émigré ou d'un orphelin. Tu ne prendras pas en gage le vêtement d'une veuve. Tu te souviendras qu'en Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t'a racheté de là. C'est pourquoi je t'ordonne de mettre en pratique cette parole. (Deutéronome 24, 17-18)
- Benoit XVI "L’Amour envers toutes les personnes qui, de quelque manière, sont dans le besoin, appartient à son essence au même titre que le service des sacrements et l'annonce de l'Evangile"
Communiqué d'association, le 9 janvier 2008: Comment peut-on être Afghan à Paris
Paris, Canal St Martin
Ils sont jeunes, certains ont à peine quinze ans, aucun plus de trente. Les plus chanceux ont une écharpe et un bonnet. Presque pas un n’a de gants. Le thermomètre pointe zéro. Qu’est-ce que ça change ? De toute façon, ce n’est pas le maigre brasier, deux planches minables, quatre cageots humides qui vont les réchauffer. Ils sont cent cinquante à peu près. Cinq cents dans tout Paris, à marcher dans des tennis troués, à tourner, sans trouver où s’arrêter au chaud.
Ils sont Afghans.
Ils ont lâché leur vie, leur famille, leurs amis, leur pays. La plupart viennent de régions contrôlées par les talibans. D’autres non. Quelle importance. Des bombes sautent à Kaboul. C’est tout le pays qui s’abandonne à la guerre.
La France, c’est-à-dire nous, les poursuit comme des criminels. Menottes, avion : c’est aux barbus qu’on les remet puisque les intégristes sont les seuls à leur ouvrir les bras. Souvenez-vous de ce temps : on appelait encore un mineur un enfant. Aucun ministre alors ne se serait permis de nous laisser croire qu’il est bon de laisser un enfant l’hiver dans la rue. Même étranger.
Et il y a certainement eu une époque où on appelait un immigré un homme.
Même s’il était sans papier.
Ces enfants, ces hommes sont venus chez nous portés par l’espoir d’échapper à la violence, d’étudier, de mener une vie paisible, d’être dignes. Ce ne doit pas être trop demander. Ne jetons pas dans les eaux du canal le manteau que St Martin a partagé avec un pauvre.
Atiq Rahimi, (prix Goncourt de 2008).
Puisse-t-il faire réagir notre monde et faire réfléchir ceux qui nous gouvernent !
Signatures :
Jane Birkin
Jean-Claude Carrière
Nahal Tajadod
Marjane Satrapi
Jean Charles Blanc
Jacqueline Blanc-Mouchet,
Massoud NAÏM KHAN
Eliane KAWA NAÏM KHAN
Mastoura Wasiri- de Perhuis
La copie de"Côte d'Opale", ci-dessous, ne laisse aucun doute sur la stratégie actuelle des autorités. Il n'est as possible de trendre compte dans ce site de toutes les stratégies menées contre le spersonnes immigrées réfugiées dans nos régions septentrionales et don soumises aux aléas climatiques...