Retour sur le confinement vécu par les migrants ? Parole de Bénévoles…
Quelques nouvelles de Calais (alors que les mesures de confinement sont en vigueur depuis quelques semaines, voici ce que nous partageait un bénévole du Secours Catholique, fin avril)
Malgré la propagation du covid 19, la situation des migrants sur Calais n'a pas évolué et reste toujours aussi préoccupante. La solution trouvée par les autorités pendant plusieurs semaines a été de "confiner" les exilés sur leurs lieux de "survie" les empêchant de quitter essentiellement la zone des Dunes et surtout de ne pas circuler en ville.
Puis il y a eu la proposition d'une mise à l'abri dans des centres éloignés de Calais mais avec des départs basés sur le volontariat. Certains migrants sont partis, y sont restés et d'autres en sont revenus... Les "nettoyages" ont continué (et continuent) pratiquement tous les jours et c'est au cours de l'un d'eux qu'a eu lieu un affrontement entre les forces de l'ordre et les exilés avec une bénévole touchée par un projectile lancé par un migrant et la destruction par le feu d'un véhicule associatif.
En ce qui concerne les différentes actions du Secours Catholique, la situation nous empêchant d'ouvrir l'accueil de jour, les salariés et les bénévoles continuent à travailler en lien avec les autres associations :
-les rencontres avec les autorités sont décevantes car aucune réponse satisfaisante n’est apportée sur les points précis comme les départs en centre, l'arrêt des "opérations de nettoyage" quasi quotidiennes, les repas froids et les douches qui tournent au ralenti, les P.V. etc.
Nous (bénévoles du Secours catholiques) allons régulièrement sur les lieux de vie des exilés pour assister aux départs volontaires et s'assurer que tout se déroule selon les consignes sanitaires et autres, pour rester en contact avec les exilés. Depuis près de 15 jours, nous allons deux à trois fois par semaine, en lien avec une autre association, mettre à la disposition des exilés un générateur et des prises de courants (plus d'une soixantaine) afin qu'ils puissent recharger leurs portables. Nous profitons de ce temps pour les informer et "récolter" des informations sur leurs conditions de vie et leurs besoins.
Par ailleurs, dans le cadre de la distribution de chèques mis à la disposition des équipes locales par le national du Secours Catholique, nous avons aidé soit des exilés ayant une adresse sur Calais, soit des hébergeurs accueillant des exilés. A ce jour, nous avons aidé plus de 80 personnes à raison d'une aide moyenne de 45 euros.
En ce qui concerne Norrent Fontes (parole de bénévole à « Terre d’Errance »)
10 exilés de l'aire d'autoroute de St Hilaire Cottes sont accueillis dans 6 familles, depuis le confinement, à raison de 1 ou 2 personnes par foyer.
3 exilés ont fait le choix de continuer à vivre, dans des tentes, dans le bois de Quernes...
Ils se préparent eux-mêmes les repas avec les denrées alimentaires récupérées dans les magasins... amenées chaque jour par un bénévole.
En cas de nécessité, des soins leur sont prodigués par le médecin bénévole ou moi-même.
Enfin, quand la solidarité inter associative s’organise… pour le service des plus démunis
Dès le mois d’Avril, l’association Ec’nou a proposé aux membres de son réseau, une collecte de fonds au profit de l’association Salam. En effet, alors que le confinement se mettait peu à peu en place les services alimentaires et sanitaires mis en place par l’Etat tournaient au ralenti. Une fois de plus, c’est donc le milieu associatif qui tentait de répondre à ces besoins vitaux élémentaires.
Malgré les risques sanitaires et les règles de confinement, Salam n’a pas cessé de se faire proche des migrants et de répondre avec les moyens qui sont les siens aux besoins élémentaires des migrants toujours présents à Calais.