Fête de la sainte Famille

Hérode veut faire périr l'enfant...

Siracide 3, 2-24 ; Colossiens , 3, 12-21 ; Matthieu 2, 13-23


Le calendrier des saints honore ce jour Saint Etienne le premier martyr (Actes des apôtres ch. 7). Mais cette fête est supplantée ce dimanche par la solennité de la sainte Famille, d’institution très récente (1892) et inscrite au calendrier universel depuis 1921. Cette fête s’inscrit dans le cycle de Noël est provoque notre méditation pour comprendre la signification de l’Incarnation.

 

Jésus s’est fait l’un de nous, semblable en toute chose excepté le péché. Ce tout petit enfant, fragile, dépendant d’une famille, d’un papa et d’une maman qui veillent sur lui et sur son éducation… Il serait regrettable de transformer la méditation sur le mystère de l'Incarnation par une séance sur la morale familiale et les mœurs d’aujourd’hui comparées à celles d’hier. Ce n’était pas le but des écrivains évangélistes.

 

En effet, dès le début de l'existence de Jésus, ils nous le montrent poursuivi par la méchanceté des hommes, et ses parents font face. La fuite en Egypte est l’occasion pour Matthieu d’évoquer le psaume : "d’Egypte j’ai appelé mon Fils" (c’est-à-dire les Fils d’Israël), au temps de Moïse. Ainsi, Jésus est déjà contesté par les autorités de Jérusalem, tout comme le rappelle aussi le récit du passage des mages çà Jérusalem, au palais, où on ignore ce Jésus.

 

Le décor de la vie publique de Jésus est déjà planté par Matthieu : d’un côté les autorités de Jérusalem, de l’autre des familles sans défenses, le petit peuple auquel Jésus s’adressera aux bords du Jourdain et du lac de Galilée. Cela aide à comprendre que Dieu se fait homme (incarné) en Jésus, avec tous les risques inhérents. En effet, les pouvoirs en place ne peuvent supporter qu’il dérange leurs habitudes des grands. (Saint Jean préfère parler de la lumière qui brille dans les ténébres et les ténèbres ne peuvent l'emprisonner). Plus tard, les gens de Jérusalem viendront voir ce qui se passe en Galilée, avec un air suspicieux envers Jean-Baptiste comme envers Jésus.

 

Nous connaissons la réaction du roi Hérode sous le nom de “massacre des innocents”. Un despote qui dispose du droit de vie et de mort sur ses sujets ne ressemble pas au roi-messie annoncé par Isaïe : “il apportera la justice et la paix, il ne brisera pas roseau froissé” (Mtt 12, 17-21). Joseph et Marie, comme bien d’autres familles doivent protéger leur progéniture face aux exactions des grands. Il en est de même aujourd’hui encore, où chacun de nous connait bien des couples qui cherchent à protéger et éduquer leurs enfants pour un minimum vital, ne faisant plus guère confiance aux promesses des élites, alors que, dans le même temps, s’étalent les richesses et les fastes de gens de pouvoir, pouvoirs d’argent, pouvoirs politiques, pouvoirs des publicitaires.

 

Quand Jésus aura grandi, il prononcera des paroles virulentes contre ces sépulcres blanchis, étincelants en façade, mais tout de vermine remplis. Le mystère de l’incarnation vient révéler, non seulement les comportements interpersonnels, mais aussi les fonctionnements des sociétés. Pour l’instant, Jésus, Marie et Joseph baissent l’échine et attendent que cela passe. Plus tard le petit Jésus devenu grand affrontera les forces de la nuit… Il le paiera de sa vie.

 

Invitation à lire "Sauvés par un migrant", de Mgr Noyer